vendredi 17 décembre 2010

Mafia(s) - II

Première partie.
Deuxième partie.
Troisième et dernière partie.
Qu'est-ce que la mafia ?, en un seul billet, navigable.


Après avoir analysé les quatre premières dimensions de la mafia - criminelle, systémique, militaire et internationale -, passons aux quatre suivantes : rituelle, familiale, politique et économique. Les quatre dernières (sociale, culturelle, légale, et pour conclure, ce pendant de la mafia qu'est l'Antimafia) seront exposées dans une troisième partie.

* * *

La dimension rituelle de la mafia

J'entends par "dimension rituelle" celle du rite, de la tradition, de la partie occulte (y compris dans ses rapports avec la maçonnerie secrète), et de la religiosité maladive qui veut s'approprier "verbe évangélique" et symbolisme chrétien, un parallèle qu'on retrouve dans toutes les expressions mafieuses en Italie : cosa nostra, camorra, 'ndrangheta, stidda, sacra corona unita, jusque dans leur dénomination : "sacra corona unita" signifie "sacrée couronne unie", où couronne fait référence au rosaire ("corona", en italien) utilisé dans les processions,  ces mêmes processions où les mafieux occupent des positions de choix, puisqu'en général ce sont ceux qui ont été affiliés dans l'année qui portent la statue de la Vierge ou du Saint !

À Pâques cette année, un prêtre qui a voulu faire cesser cet "usage" a dû essuyer quelques coups de feu d'intimidation car les "sacrés" affiliés (l'affiliation dans l'organisation se traduit par un "baptême" ou une "consacration", comme pour un véritable sacrement religieux) n'avaient pas apprécié...

Quant à l'épithète "unie", elle symbolise une union forte "comme les anneaux d'une chaîne", et jusqu'aux grades hiérarchiques qui s'inspirent de cette terminologie : "santisti" (de saints), "evangelisti" (évangélistes), "medaglioni" (médaillons), "médaillons avec la chaîne de la Société majeure", huit médaillons de la chaîne formant la "Société très secréte" qui commande à son tour un "Escadron de la mort".

Il en va de même pour la 'ndrangheta, où la Société majeure s'appelle aussi "La Sainte", qui compte parmi ses membres les saints évangélistes (santisti evangelisti)...

Je vous fais grâce de toute l'imagerie pieuse et des formules bigotes, mais celle de l'adhésion à l'Évangile (Vangelo) vaut son pesant d'or, d'encens et de myrrhe :
« Au nom de Gaspard, Melchior et Baltazar, cette sainte chaîne est formée avec un coucher de soleil et un lever de lune. Et sous le nom de Gaspard, Melchior et Baltazar et de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est mort sur la terre et ressuscité au ciel, nous, frères sages, formons ce saint Évangile. »
« In nome di Gaspare, Melchiorre e Baldassarre con una bassata di sole e un'alzata di Luna è formata la Santa catena. Sotto il nome di Gaspare, Melchiorre e Baldassarre e di Nostro Signore Gesù Cristo che dalla terra è morto, risuscitò in cielo, noi saggi fratelli formiamo questo sacro Vangelo. »
Le "code d'honneur" de Cosa Nostra, en revanche, préfère utiliser une aiguille et une image pieuse, pour mêler le sang et le feu.

Lors de l'initiation le candidat se fait piquer le bout du doigt de la main droite pour en faire sortir quelques gouttes de sang (d'où l'expression, être "punciutu", pour signifier l'affiliation à Cosa Nostra), suivi de la formule rituelle prononcée par le parrain : c'est par le sang que tu entres dans Cosa Nostra, c'est par le sang que tu en sortiras (“col sangue si entra e col sangue si esce da Cosa Nostra”). Une manière de dire que la mafia n'admet aucune défection : être mafieux, c'est pour toujours.

Les gouttes de sang tombent sur une image pieuse, que l' "officiant" fait alors brûler dans la main du nouvel entrant tandis qu'il prête le serment suivant : je brûlerai comme cette image pieuse si un jour je décide de trahir les commandements de Cosa Nostra (“brucerò come questo santino se un giorno decidessi di tradire i comandamenti di Cosa Nostra”). Trahir, c'est mourir, brûlé dans les feux de l'Enfer.

Ce désir d'appropriation ressort très clairement à la lecture de nombreux pizzini de Bernardo Provenzano, ces bouts de papier auxquels le chef mafieux confiait ses ordres à transmettre, qui sont truffés de références bibliques et dans lesquels il s'efforce d'apparaître comme un humble serviteur :
Avec le bon vouloir de Dieu, je ne demande qu'à servir, commandez-moi, et si possible, dans le calme et la discrétion, tentons de progresser, je compte tant, pour moi et pour vous, sur votre collaboration. ... Mon but est de vous prier...... je suis né pour servir...
Io con il volere di Dio voglio essere un servitore, comandatemi, e sé possibile con calma e riservatezza vediamo di andare avandi, e spero tando, per voi nella vostra collaborazione. ... Il mio fine è pregarvi...... sono nato per servire...
La chose n'est pas sans évoquer cette déclaration de ... Silvio Berlusconi :
Je suis le Jésus-Christ de la politique, une victime patiente, qui se sacrifie pour les autres...
Io il Gesù della politica, una vittima paziente, mi sacrifico per tutti...
Donc je suis sûr que tout ça va paraître très folklorique aux francophones, mais il ne faut surtout pas sous-estimer l'importance du rite, resté secret pendant près d'un siècle jusqu'à ce que les premiers repentis ne jettent quelques rayons de lumière sur ces pratiques. Avant, personne ne savait rien de la mafia, qui est comme les vampires : elle a besoin du secret de la nuit pour vivre. L'éclairer et la faire sortir au grand jour revient à lui porter un coup mortel. Voir ma réponse au commentaire de Joseph dans le précédent billet...

C'est également un point crucial qu'elle partage avec la maçonnerie secrète, dont font partie beaucoup de chefs mafieux. Mais la chose mériterait un billet entier, et même plusieurs (d'ailleurs, en France aussi...).

Du reste la définition du petit Larousse illustré, "organisation criminelle sicilienne dont les activités, exercées par des clans familiaux soumis à une direction collégiale occulte", souligne fort bien ces deux composantes au cœur de la vitalité mafieuse : la composante occulte et la composante "familiale".

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La dimension familiale de la mafia

La "famille" mafieuse, cellule primordiale de Cosa Nostra, ne doit pas être confondue avec un réseau de parenté : il s'agit en fait de la structure territoriale de base, qui contrôle et commande une ville ou un quartier dont elle prend le nom (famille de Brancaccio, de Villabate, etc.). C'est le lieu unitaire des "hommes d'honneur", et le nombre de ses membres peut atteindre plusieurs centaines. La hiérarchie est très stricte, chef, sous-chef, conseiller, etc. Le chef exerce une juridiction absolue, reconnue par tous les membres. Cela signifie par exemple qu'aucun crime ne peut être commis sur son territoire sans qu'il ne l'ait approuvé, tout contrevenant étant passible de mort. Et si un assassinat est décidé par la Commission (l'organe suprême de commandement) sur le territoire en question, le chef de famille en est averti au préalable en signe de respect.  Lorsque le chef est en prison, un "régent" prend sa place : « Spatuzza était le chef du "mandement" de Brancaccio, d'abord "régenté" par les frères Graviano... »

Le "mandement", regroupant plusieurs familles qui occupent des territoires limitrophes, tire son nom de l'une des familles qui le forment. La province de Palerme réunit 17 mandements (Tommaso Natale / San Lorenzo ; Resuttana ; Passo di Rigano / Boccadifalco ; della Noce ; Porta Nuova ; Pagliarelli ; Santa Maria di Gesù ; Brancaccio-Ciaculli ; Partinico ; Cinisi ; Corleone ; San Giuseppe Jato ; Belmonte Mezzagno ; Bagheria ; Villabate ; Caccamo / Trabia ; San Mauro Castelverde), formés chacun de 3 à 6 familles.

Ajoutez-y les provinces de Trapani (4 mandements), d'Agrigento (6 mandements), de Caltanisetta (4 mandements), d'Enna (3 mandements) ; celles de Messina et de Catania n'ont pas de mandements attitrés, et les familles des provinces de Siracusa et de Ragusa appartiennent à la Stidda (l'étoile : après les rois mages, l'étoile du berger...), organisation mafieuse concurrente de Cosa Nostra.

(Explications tirées du dictionnaire mafieux-italien / italien-mafieux, par Vincenzo Ceruso, Ed. Newton Compton, Roma 2010)

Vous avez ainsi le tableau de la Sicile, assujettie à un strict contrôle territorial de la mafia, les Pouilles étant sous l'empire de la sacra corona unita, la Campanie sous l'emprise de la camorra, la Calabre et la Basilicate sous le joug de la 'ndrangheta (à noter que les familles de la 'ndrangheta se fondent beaucoup plus sur les liens de sang que leurs homologues de Sicile ou de Campanie). De là, les "familles" italiennes se sont fixé pour but de coloniser d'abord le reste du pays, et ensuite le monde entier (voir la section "dimension internationale de la mafia")...

Notamment grâce au concours intéressé de la politique, fortes de leur suprématie économique.

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La dimension politique de la mafia

Voici probablement le chapitre le plus délicat à écrire. Mais une chose est sûre : sans l'appui constant des politiques, la mafia aurait été définitivement éliminée depuis longtemps, conformément à cette prédiction de Giovanni Falcone livrée à Marcelle Padovani : la mafia n'est pas invincible, c'est un phénomène humain, et comme tous les phénomènes humains, elle a eu un début, une évolution, et elle aura une fin.

Or au lieu de décliner, la mafia ne cesse de prospérer, financièrement et géographiquement. Cherchez l'erreur...

Selon Nando dalla Chiesa, fils du général Carlo Alberto dalla Chiesa [assassiné par la mafia (interprété à l'écran par Lino Ventura...), même s'il est fort probable que les véritables commanditaires aient été externes à la mafia], le succès du binôme mafia-politique est dû à une "convergence d'intérêts", une expression écrite noir sur blanc dans les actes du maxi-procès de Palerme, confirmée par le Parquet et en Cour d'Assises.

Une expression indiquant que tant de crimes de la mafia n'auraient pas été commis s'ils n'avaient été préalablement assurés d'avoir, au plan opérationnel et judiciaire, une "couverture" de la part des politiques et des membres des institutions, qui avaient leurs propres raisons de vouloir éliminer certains des acteurs fondamentaux de la lutte à la mafia.

Or force est de constater aujourd'hui, que d'Andreotti à Berlusconi, non seulement rien n'a changé mais les choses ont empiré !!!

En 2001, Pietro Lunardi, Ministre des Infrastructures et des Transports sous le gouvernement Berlusconi II, crut bon de déclarer :
il faut cohabiter avec la mafia et la camorra, que chacun résolve les problèmes de criminalité comme il préfère...
con mafia e camorra bisogna convivere e i problemi di criminalità ognuno li risolva come vuole...
Mais il ne faudrait pas croire qu'il s'agit là d'une position isolée ! Dans un billet que j'ai consacré à la Ligue du Nord d'Umberto Bossi sur mon blog italien, je rapporte cette déclaration impardonnable de Gianfranco Miglio, triste théoricien de la race padane (...), qui dit ceci dans une interview au Giornale de Berlusconi, le 20 mars 1999 :
Je vous dirai même plus. Je suis pour le maintien de la mafia et de la 'ndrangheta. Le Sud de l'Italie doit se donner un statut qui s'appuie sur les personnalités aux commandes. Or qu'est-ce que la mafia ? Si ce n'est un pouvoir personnel, poussé jusqu'au délit. Je n'entends pas réduire le Mezzogiorno au modèle européen, ce serait absurde. Il existe aussi un bon clientélisme, qui génère de la croissance économique. Partons donc du principe que certaines manifestations spécifiques du Sud doivent être institutionnalisées.
Di più. Io sono per il mantenimento anche della mafia e della ‘ndrangheta. Il Sud deve darsi uno statuto poggiante sulla personalità del comando. Che cos’è la mafia? Potere personale, spinto fino al delitto. Io non voglio ridurre il Meridione al modello europeo, sarebbe un’assurdità. C’è anche un clientelismo buono che determina crescita economica. Insomma, bisogna partire dal concetto che alcune manifestazioni tipiche del Sud hanno bisogno di essere istituzionalizzate.
Or permettez-moi de rappeler que ces positions ont été exprimées par des membres influents de la coalition ACTUELLEMENT aux affaires : Berlusconi + Ligue du Nord...

Convergence encore :
« Il y a une convergence objective entre les intérêts politiques de Cosa Nostra et quelques-unes des orientations programmatiques de la nouvelle formation politique [Forza Italia] : sur l'article 41-bis, sur la législation des collaborateurs de justice et sur le "garantisme" dans les procès, trop négligé dans la législation du début des années 90 ».
Et je pourrais dérouler la liste pendant des pages et des pages ! Dans son livre, intitulé La Convergenza (Ed. Melampo, 2010), Nando dalla Chiesa identifie, outre cette fameuse convergence d'intérêts entre mafia et politique, des convergences morales, judiciaires, mentales, journalistiques, sémantiques, réformistes, philosophiques, padanes, institutionnelles, rhétoriques, divergentes (sur le principe de vérité), outre des allergies convergentes et des comportements convergents typiques des politiques et des parlementaires...

Tommaso Buscetta ne confiait-il pas à Giovanni Falcone : ne me demandez pas quels sont les politiques qui se sont compromis avec la mafia, car mes réponses pourraient déstabiliser l'état italien ! (Non mi chiedete chi sono i politici compromessi con la mafia perché se rispondessi, potrei destabilizzare lo Stato.)

Quant à Giuseppe Fava, journaliste assassiné - un de plus -, il prévenait, dès les années 80 :
Les mafieux siègent au Parlement, tantôt ils sont ministres, tantôt ils sont banquiers, les mafieux sont ceux qui, en ce moment-même, dirigent la nation. Si personne ne tire au clair ce malentendu ... on ne peut pas définir mafieux le petit délinquant qui veut racketter une activité commerciale, ça c'est la micro-criminalité qu'on peut trouver, je crois, dans toutes les villes italiennes, dans toutes les villes européennes. Non, le phénomène mafieux est bien plus tragique et plus important. C'est un problème au niveau des instances dirigeantes qui gèrent la nation, un problème qui risque de conduire définitivement l'Italie à sa ruine et à sa déchéance culturelle...
I mafiosi stanno in Parlamento, i mafiosi a volte sono ministri, i mafiosi sono banchieri, i mafiosi sono quelli che in questo momento sono ai vertici della nazione. Se non si chiarisce questo equivoco di fondo... Non si può definire mafioso il piccolo delinquente che arriva e ti impone la taglia sulla tua piccola attività commerciale, questa è roba da piccola criminalità, che credo abiti in tutte le città italiane, in tutte le città europee. Il fenomeno della mafia è molto più tragico ed importante. È un problema di vertici e di gestione della nazione, è un problema che rischia di portare alla rovina e al decadimento culturale definitivo l'Italia...
Les choses vont-elles mieux aujourd'hui ? Certes pas ! Elles vont même dans le sens exact des précisions néfastes de Giuseppe Fava il y a 30 ans ! Si ce Néron des temps modernes qu'est Silvio Berlusconi s'accroche au pouvoir avec plus de frénésie qu'un morpion aux poils du cul, ce n'est point pour gouverner en se fixant comme but suprême le bien d'un pays qu'il déclare aimer et de ses citoyens, mais uniquement parce que c'est la seule possibilité qu'il a pour tenter d'échapper aux procès actuels et à venir, en se faisant voter d'autres "lois" sur mesure, voire en changeant la constitution italienne par un coup d'état "légal"...

Mais pour en revenir à la mafia, le fait est que depuis le milieu des années 70 elle a cessé de se servir simplement de la politique - et des politiques -, pour revendiquer sa propre autonomie et devenir un acteur à part entière de la vie politique italienne, en n'étant plus seulement un réservoir de votes mais en finançant directement des campagnes, voire en parrainant (c'est le cas de dire) tel ou tel candidat. Jusqu'à vouloir créer son propre parti, Sicilia Libera (sous l'impulsion de Leoluca Bagarella, beau-frère de Totò Riina, destiné à faire le pendant à la Ligue du Nord), avant de se rabattre sur Forza Italia dès 1993-1994.

Des infos récentes indiquent même que la mafia investit maintenant sur la formation de jeunes en pariant sur leur avenir politique ... à disposition des clans ! Tout comme Silvio Berlusconi se déclara à disposition de Stefano Bontate à l'époque où celui-ci était le chef des chefs de la mafia : ce témoignage direct de Francesco Di Carlo est écrit noir sur blanc dans la condamnation en appel de Marcello Dell'Utri - éminence noire de Berlusconi - à 7 ans de prison pour concours externe en association mafieuse, Dell'Utri que le Parquet avait défini comme « le garant des intérêts mafieux au sein de Fininvest » (centre de l'empire berlusconien), un personnage « à la disposition des chefs mafieux depuis plus de 30 ans, à partir des années 70 et jusqu'à ce jour, dont la contribution avait aidé de façon significative Cosa nostra à se renforcer ».

Or être "à disposition" de la mafia signifie assurer sa disponibilité TOTALE pour satisfaire les intérêts criminels de l'organisation mafieuse, ad vitam æternam : c'est comme pour l'initiation, quand on a mis le doigt dedans, c'est pour toujours ! On n'en sort que les pieds devant...

* * *
La dimension économique de la mafia

L'engagement politique de la mafia est lié en ligne directe avec sa décision, toujours vers le milieu des années 70, de se lancer dans le marché de la drogue. Un choix qui a eu pour conséquence d'accroître de façon exponentielle la puissance financière de l'organisation mafieuse. D'où la nécessité de trouver constamment de nouveaux débouchés pour blanchir des milliards de narcodollars, et de multiplier par conséquent les contacts avec la politique.

Mais la mafia s'est largement diversifiée depuis, notamment dans le trafic des déchets toxiques et nucléaires, au point de dégager un chiffre d'affaires de 135 milliards d'euros en 2009 !

Ajoutons cela à 60 milliards d'euros que coûte annuellement la corruption en Italie (rapport de la Cour des comptes italienne), plus au bas mot 100 milliards d'euros d'évasion fiscale (statistiques du Ministère de l'Économie), et ça nous fait un trou annuel de 300 MILLIARDS € : pratiquement 1/5e du PIB italien qui est détourné chaque année aux dépens des citoyens honnêtes et au profit exclusif de politiques vendus et corrompus, de prostitués dans l'âme et de mafieux en tout genre qui se remplissent les poches.

Pour avoir un ordre de grandeur, 300 milliards d'euros sur l'année, c'est entre 3 et 4 fois le plan européen de sauvetage de l'Irlande !

Après on s'étonne qu'officiellement l'Italie se place au troisième rang des pays européens pour la pression fiscale exercée sur les contribuables, juste derrière le Danemark et la Suède. Or de fait il faudrait préciser qu'elle est au premier rang, si l'on tient compte que les états danois et suédois redistribuent l'argent des impôts en assurant à leurs ressortissants des services sociaux collectifs dignes de ce nom. Ce qui n'est certainement pas le cas de l'Italie...

Et puis comme tout ça n'est pas encore assez, Berlusconi a aussi fait voter LE bouclier fiscal du siècle, celui qui lave plus blanc que blanc et dont les mafias en tout genre n'auront pas manqué de bénéficier, et tant qu'on y est, il a fait exploser la dette publique italienne, en l'augmentant avec son fidèle Tremonti (actuel ministre des finances, autre énergumène qui a toujours la référence biblique sur le bout de la langue...), de plus de 516 milliards d'euros depuis 1994 !!!

Convergences, vous avez dit convergences ?

Pour autant, même en voulant se limiter aux 135 milliards € de C.A. annuel, soit plus de 11 milliards € par mois, il faudrait également se demander que peut bien faire la mafia des surplus d'autant d'argent ?

Et bien c'est simple :  elle investit dans tout ce qui est légal ! En cette période de crise généralisée, où les entreprises manquent cruellement de liquidités et où les banques resserrent les filets du crédit, la mafia vient au secours des entreprises en difficulté avec ses valises pleines de millions, l'important c'est de mettre le pied dans la place. Après, comme pour les initiés ou ceux qui se mettent à disposition, c'est pour toujours...

D'où des pans entiers de l'économie de plus en plus pollués par les capitaux mafieux, qui n'épargnent aucun secteur industriel : de l'énergie à la santé, des infrastructures au bâtiment, des transports aux déchets, etc. etc.

* * *
Un aspect que je traiterai de manière plus détaillée dans la dimension légale de la mafia, même si d'ores et déjà il est évident que tôt ou tard tout cela aura de fortes répercussions sociales, voire culturelles. Autant de points qui seront développés dans mon troisième et dernier billet sur le sujet.

En attendant je vous laisse sur cette autre question : y a-t-il un seul pays en Europe autre que l'Italie dont les gouvernants volent - ou permettent que soit volé - autant d'argent à ses citoyens, mais pas seulement ?
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