samedi 13 mars 2010

Italie : l'état délinquant


Au moment où j'écris, les deux frères Berlusconi sont simultanément mis en examen, Silvio et Paolo, quand bien même pour deux chefs d'accusation qui n'ont rien à voir. Laissons tomber Paolo, qui nous en combine lui aussi de toutes les couleurs, mauvais sang ne saurait mentir, pour nous attarder sur Silvio, l'imprésentable délinquant travesti en chef de gouvernement.

À noter que Silvio Berlusconi est bien un délinquant, au sens juridique de la parole, au sens où il a commis des délits ... prescrits en vertu de lois qu'il s'est fait voter lui-même : Marco Travaglio vient de publier un livre intitulé Ad personam, qui dénombre 36 lois rédigées sur mesure pour le délinquant Silvio Berlusconi. Dernière en date, l'empêchement légitime, pour lui éviter de comparaître dans les procès qui s'accumulent... Mais d'autres sont déjà en préparation, y compris - tenez-vous bien - certaines modifications anticonstitutionnelles de ... la Constitution ! Une réforme, qu'ils appellent ça. Coup d'état serait plus juste.

Un must. D'ailleurs, la semaine même de sa publication, le livre était déjà dépassé puisque Berlusconi s'en est fait voter, en 1 jour, une 37ème dans la foulée, dont j'ai rendu compte dans mon billet sur les manifs en Italie...

Et donc, en tant que délinquant récidiviste, il est président du conseil. Normal dans un pays où même les porcs se demandent comment font les hommes pour vivre dans un tel cloaque.

Les politiques italiens répètent depuis plus de quinze ans que le problème de Berlusconi est l'immense conflit d'intérêts qui le caractérise. À ce sujet j'ai bien aimé la réponse qu'a faite Antonio Di Pietro hier soir à un manifestant qui l'interpellait devant la centrale nucléaire de Borgo Sabotino (j'y étais, elle se trouve à 25km de chez moi...) :
Le conflit d'intérêt, désormais, c'est une question qui concerne Berlusconi, point barre. Moi ce qui me préoccupe, c'est la réalité de l'Italie d'aujourd'hui, où les citoyens sont comme un troupeau de chèvres devant les meutes de loups...
Car l'Italie d'aujourd'hui, c'est ça : un usage privé de l'état pour privatiser la démocratie au profit des meutes de loups qui noyautent tous les pouvoirs ! De l'exécutif au législatif, du judiciaire au médiatique, en passant par l'économique et, last but not least, le criminel...

Donc que peuvent faire les citoyens honnêtes lorsqu'ils sont pris en otage par un état mafieux et une société corrompue jusqu'à la moëlle ? Un état qui n'hésite pas à promulguer des lois pour favoriser les mafias en tout genre ? Un état qui transforme lentement mais sûrement la démocratie en coquille vide, une forme apparente en réalité totalement vidée de sa substance ! Un état où l'information plurielle est abolie pour laisser la place à la propagande de régime martelante que Goebbels avait rêvé ! Un état où la politique n'est plus qu'une vieille traînée, salie et mourante...

Oui, que faire ? Je suis sans réponse ! Aujourd'hui à 14h il y a une manif au centre de Rome. Nationale, organisée par la gauche (qui n'est pas vraiment ma tasse de thé, je suis pour le dépassement total de l'artificielle dichotomie droite-gauche...). Ma troisième en une semaine !

Ce matin je me demande si je vais y aller. Si ça sert à quelque chose. Je me sens un peu découragé.


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