mercredi 24 mars 2010

Pourquoi l'Italie de Berlusconi est-elle un danger pour l'Europe ?


Dans un contexte toujours plus globalisé, il est inutile de penser que les actions d'un pays, quelles qu'elles soient, bonnes et/ou mauvaises, restent sans conséquences sur les pays voisins, mais pas seulement. Avec des implications directes pour tout le tissu social et dans la vie quotidienne des gens. De tous les gens. Vous et moi, nos familles, nos amis, etc.

Pour faire un exemple, l'Espagne et le Portugal n'ont pas de frontières communes avec l'Italie, et pourtant, au sein de l'Europe, les politiques de chaque État membre ont des répercussions positives et/ou négatives sur tous les autres.

Aujourd'hui il est clair que tous les sujets sont largement transnationaux, mais je me contenterai d'en citer trois où le déclin de l'Italie (qui régresse dangereusement au lieu de progresser), pour peu que l'Europe ne fasse rien pour l'en empêcher, ne sera pas sans retombées sur plus de 500 millions d'européens :
  1. La Démocratie
  2. L'Environnement
  3. La Justice
* * *

1. La Démocratie

Parmi tous les cancers malins qui affligent l'Italie, il en est un particulièrement pernicieux qui étend ses métastases, lentement mais sûrement, depuis les années 70 : je veux parler de la P2, à laquelle je n'ai pas encore consacré de billet d'approfondissement mais que je traite en long et en large dans mon projet d'essai sur la République italienne.

Or le vice originel de la loge Propaganda Due (P2), dont Silvio Berlusconi était le piduiste (membre) n° 1816, consistait à subvertir la démocratie en vidant de leur contenu toutes les institutions démocratiques pour ne laisser qu'une coquille vide au regard des "citoyens" et de la "communauté internationale".

Il est vrai qu'à une époque où les États-Unis œuvraient activement à la mise en place de toutes les dictatures d'extrême-droite (du Japon à l'Amérique du Sud en passant par l'Europe, notamment en Grèce, au Portugal et en Espagne) pour contrer la montée en puissance du communisme, une dictature de plus ou de moins travestie en "démocratie" formelle n'aurait pas inquiété les opinions publiques outre mesure.

Mais le fait qu'en 2010, Silvio Berlusconi soit en passe de réaliser ce projet en plein cœur de l'Europe sans que nul gouvernement se proclamant "démocratique" ne trouve rien à y redire, voilà qui dépasse l'entendement !

Ces jours-ci il annonce haut et fort qu'immédiatement après les élections régionales, qui se tiendront ce week-end (à noter un niveau transversal de pourriture dans les listes gauche-centre-droite absolument stupéfiant, au point que Roberto Saviano a invoqué la présence d'observateurs de l'ONU pour surveiller les élections...), il entreprendra une grande, grande, grande et radicale réforme de la justice...

En réalité il s'apprête à mettre un point final à la démocratie en Italie, en réalisant une grande première dans l'histoire de l'humanité : un COUP D'ÉTAT LÉGAL ! Puisqu'il dispose en fait de la majorité parlementaire nécessaire pour modifier, sans violence apparente et sans courir le moindre risque, la Constitution de l'État Italien...

Non pas pour le meilleur, mais pour le pire ! Non pas en vue d'une plus grande démocratisation d'un pays qui serait déjà démocratique, mais plutôt pour privatiser le peu qui reste de démocratie à l'usage et au profit de Silvio Berlusconi en premier lieu, et en second lieu dans l'intérêt de clans, de mafias, de pouvoirs occultes et de corrompus/corrupteurs en tous genres.

Dans ce pays la liste des pourris est incalculable ! À commencer par les 2400 membres de la Loge P2 (à la seule exception du général Carlo Alberto Dalla Chiesa), officiellement dissoute par la loi n° 17 du 25 janvier 1982 en application de l'article 18 de la Constitution italienne, dont le plus célèbre des membres est l'actuel président du conseil des ministres, et dont la seule liste retrouvée ne mentionnait que 962 piduistes, ainsi répartis :
  • 208 militaires et policiers = 21,66%
  • 67 politiques = 7%
  • 52 fonctionnaires ministériels (dirigeants) = 5,5%
  • 49 banquiers = 5%
  • 47 industriels = 5%
  • 38 médecins = 4%
  • 36 professeurs d'université = 4%
  • 28 experts comptables = 3%
  • 27 avocats = 3%
  • 27 journalistes = 3%
  • 23 dirigeants de la grande industrie = 2,5%
  • 18 chefs d'entreprises = 2%
  • 18 juges = 2%
  • 17 membres de professions libérales = 2%
Plus 20% dont on ne sait - publiquement - rien ou pas grand chose, mais vu la nature de ce que l'on sait des autres, il est permis d'être inquiets...

Car lorsque l'on parle de militaires, il ne s'agit certes pas de soldats du rang mais presque uniquement de généraux qui comptent, y compris tous les commandants des services secrets italiens, sans oublier les généraux de la dictature argentine ; quand on parle de dirigeants ministériels, ce sont pour la plupart des grands commis de l'état impliqués dans des scandales sans fin ; quand on parle de banquiers, il s'agit de Roberto Calvi ou de Michele Sindona ; quand on parle de journalistes, ce sont des directeurs de journaux ou des gens qui ont fait carrière dans la presse et à la télévision ; quand on parle de chefs d'entreprises, c'est entre autres Silvio Berlusconi, lui-même introduit dans la loge par un journaliste, et ainsi de suite.

D'ailleurs si pratiquement aucun extrémiste (de gauche, mais surtout de droite) coupable des nombreux attentats qui ont ensanglanté ce pays pendant les années de plomb et la stratégie de la tension n'a jamais été condamné, on le doit en grande partie aux militaires inscrits à la P2 qui ont passé leur temps à dépister les enquêtes et à mettre des bâtons dans les roues aux magistrats en charge des dossiers !

Donc retracer l'histoire des 962 noms de la liste serait sans aucun doute plein d'enseignements, puisque presque tous ont été promus depuis dans l'échelle sociale, mais plus encore celle des quelque 1500 noms manquants : en effet, le 29 mai 1977, l'hebdomadaire L'Espresso annonçait 2 400 inscrits à la Loge, un chiffre confirmé par Gelli lui-même dans une interview à ce même hebdomadaire, publiée moins d'un an plus tôt, en juillet 1976, intitulée "Dottor Gelli cosa ha da dire?", dans laquelle il parle d'un avocat fasciste, Gian Antonio Minghelli (dont le père était membre de la P2, et lui aussi soupçonné d'en faire partie), impliqué dans le blanchiment des rançons de rapts exécutés aux dépens des familles de trois autres piduistes par Albert Bergamelli, l'un des chefs du clan des marseillais, également "trésorier" de la NCO de Raffaele Cutolo, et dont le juge Vittorio Occorsio observa un parallèle pour le moins curieux, à savoir que le montant total payé pour les rançons correspondait exactement à la somme dépensée pour l'acquisition du siège de l'OMPAM à Montecarlo, l'Organisation Mondiale de la pensée et de l'assistance maçonnique fondée par Licio Gelli au printemps 1975 :
Journaliste : - Minghelli est franc-maçon ?
Gelli : - Ils lui ont trouvé une carte d’appartenance à la franc-maçonnerie.
Journaliste : - Minghelli occupait un poste important dans la Loge P2 ?
Gelli : - Purement nominal. Je l'ai vu trois fois à peine car la Loge P2 ne se réunit jamais. Mais même si je l'avais vu trois mille fois, cela ne voudrait rien dire. Dans toutes les organisations ayant de nombreux membres, on peut toujours trouver celui qui dégénère. Or nous sommes 2 400.
Par un étrange hasard, cette interview fut publiée dans l'Espresso du 10 juillet 1976, le jour même de l'assassinat du juge Occorsio par des membres de l'extrême-droite...

Il est d'ailleurs bizarre de noter que Gelli quantifie les membres de sa loge à une époque où il se croit fort et où ses activités se déroulent à la lumière du jour, au vu et au su de tout le monde. D'autant plus qu'il le dit non pas en réponse à une question spécifique sur ce point (combien êtes-vous dans la P2 ?), mais au détour d'une réflexion portant sur tout autre chose. Pour une fois, il n'y a donc aucune raison de mettre en doute ses dires...

Une interview reprise sur Candido Nuovo (extrême-droite) par Giorgio Pisanò en juin 1982, l'un des membres de la Commission d'enquête sur la P2, pour expliquer que la liste retrouvée commençait le décompte à partir du numéro 1600, intitulé au Général Donato Lo Prete (chef d'État-Major, responsable de la nomination du Général Raffaele Giudice sur proposition de Giulio Andreotti, le véritable fondateur de la P2 avec Eugenio Cefis, selon différentes sources..., Lo Prete et Giudice furent compromis dans le scandale des pétroles, une affaire de crontrebande à 2500 milliards de lires dans les années 80).


Et Pisanò de s'interroger : - que sont devenus les 1 599 premiers ?

Selon lui, d'après le récit que lui fait le général Ennio Battelli, grand maître de la maçonnerie, après la découverte et la publication de la liste des piduistes, de nombreux autres lui ont demandé de "régulariser" leur position vite fait, en les inscrivant "officiellement" à une loge quelconque, pour pouvoir se disculper au cas où leur nom serait apparu par la suite. Or naturellement il n'y avait rien dans les archives du Grand Orient d'Italie pour "prouver" leur inscription : ni demande, ni serment, ni versements, etc. Battelli a donc mis nombre de ces frères "en sommeil", en mentionnant uniquement sur les fiches correspondantes : « M.G.M : Mémoire du Grand Maître », mais sans loge de provenance.

Or la Commission parlementaire sur la P2 a vérifié environ 1500 de ces fiches, datées après le 17 mars 1981, jour où la liste a été saisie. Je n'ai pas encore réussi à comprendre si une liste existe des illustres piduistes manquants à l'appel, mais traduit en chiffres (en se basant sur les pourcentages mentionnés plus haut), à ma connaissance cela veut dire que n’ont jamais été identifiés comme appartenant à la P2 entre 300 et 350 militaires et membres des forces de l’ordre, outre une bonne centaine de politiques et presque autant de dirigeants ministériels, environ 150 personnes entre banquiers et industriels, 150 autres entre experts-comptables, avocats et journalistes, 120 entre médecins et professeurs universitaires, une autre centaine entre entrepreneurs, dirigeants de PMI et professions libérales diverses, sans oublier une trentaine de juges, une vingtaine de notaires et environ 300 ou 400 autres membres aux activités variées, appartenant à des sociétés publiques et privées, au monde diplomatique, associatif, syndical, de l’édition et des médias (presse et télé), de la santé, de l’enseignement, des transports, de l’assurance, de l’hôtellerie, du commerce, architectes et analystes financiers, etc. etc.

Le gratin du gratin, quoi… Dont on retrouve aujourd'hui encore certains des noms de la liste au centre d'intrigues nationales et internationales qui pourrissent la vie de ce pays, il n'est que de lire le dernier opus d'Edoardo Montolli, Il caso Genchi, pour s'en convaincre.

Car il est évident que ces pouvoirs occultes n'ont jamais cessé d'étendre leurs métastases malignes sur l'ensemble de la société italienne, on peut très bien les suivre à la trace au fil des ans et des décennies, sans interruption des années 70 (et même avant) à nos jours (voir ici, ou , par exemple)...

Et comme le disent avec courage Gioacchino Genchi et Luigi De Magistris, la nouvelle P2 opère aujourd'hui encore, à 90 ans passés Gelli est plus que jamais actif, avec des implications qu'il serait trop long de détailler ici.

Une citation suffira, de l'un des protagonistes de cette nouvelle affaire (16 juin 2007) :
Je veux créer une force qui, sous des objectifs humanitaires, deviendra aussi une force économique et, surtout, politique... Politique dans le vrai sens du terme.

(...)

On peut compter sur des notaires, sur les meilleurs avocats, des députés, des sénateurs et des parlementaires, et même sur un vice-ministre de l'intérieur.
Dont le nom est largement cité dans le livre de Genchi.

Des ramifications qui nous amènent jusqu'à l'affaire Hiram (qui a dévoilé la façon dont cette bande de corrompus réussissaient à ajuster les procès jusqu'en Cassation !) et, indirectement, jusqu'à ... Marcello Dell'Utri, l'éminence noire de Berlusconi, encore et toujours !

Au vu de ce cancer généralisé, vous comprenez pourquoi l'aspirant dictateur Silvio Berlusconi est extrêmement dangereux (voici plus de 15 ans que son programme politique calque et dépasse même le "plan de renaissance démocratique" voulu par Gelli en 1976), et j'espère que les italiens réussiront à s'en débarrasser uniquement grâce à la force de leur vote citoyen, mais en tout état de cause les gouvernements démocratiques et les sociétés civiles concernées par la démocratie en Europe devraient se faire entendre. Haut et clair. Comme le disait récemment un magistrat italien, si ce n'est pas maintenant, quand !?

On a vu ce que ça a donné de laisser faire deux fous furieux comme Hitler et Mussolini, or les enseignements de l'histoire ont-ils jamais servi à quelque chose ?

J'aborderai une autre fois les thèmes 2. Environnement et 3. Justice, mais laissez-moi conclure sur ceci : dans la liste de la P2, un seul piduiste a été expulsé par Gelli au motif d'indignité : Giancarlo Elia Valori. C'est lui qui serait aujourd'hui à la tête de cette nouvelle P2, selon Luigi De Magistris (dessaisi de ses enquêtes et contraint de quitter la magistrature, de même que les magistrats qui ont eu le tort de lui donner raison). Pratiquement toute la troisième partie du livre d'Edoardo Montolli, Il caso Genchi, parle de lui (soit près de 200 pages !)...


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mardi 16 mars 2010

L’Italie de Berlusconi : 16 ans de lois sur mesure...


Dans mon dernier billet, un peu beaucoup désabusé sur l'état délinquant, je mentionnais le dernier livre de Marco Travaglio, intitulé Ad personam, dont je vous traduis ici l'avant-propos, non sans vous fournir deux lignes d'introduction.


Depuis son arrivée au pouvoir, Silvio Berlusconi a transformé les Assemblées en ateliers de prêt-à-porter législatif. On peut dire qu’il applique au mot pour mot ce que dénonçait déjà Coluche à propos des politiques :
Le milieu autorisé c'est un truc, vous y êtes pas vous hein ! Vous n'êtes même pas au bord. Vous n'y êtes pas du tout. Bon, le milieu autorisé c'est un truc. C'est un endroit autorisé où il y a plein de mecs qui viennent pour s'autoriser des trucs mais y a que le milieu qui compte. Et là-dedans y a une poignée de connards qui tournent en rond en s'autorisant des trucs : "Euh... Qu'est-ce que tu fais là ? Ben j'sais pas, j'vais peut-être m'autoriser un truc, mais c'est vach'ment gonflé. J'hésite ! Euh..."
Berlusconi, lui, il hésite pas, plus c'est pourri, plus il s'autorise !

Ce livre offre un raccourci saisissant des raisons profondes – avouables et inavouables – pour lesquelles Silvio Berlusconi s’est lancé en politique en 1993-1994 : l’endettement de son groupe atteignait alors presque 4 000 milliards de lires, il allait se retrouver en pleine tempête judiciaire, les banques étaient sur le point de fermer les robinets, et, comme l’avoua son associé de toujours, Fedele Confalonieri, dans une interview a Repubblica (25 juin 2000) :
Si [Berlusoni] ne s'était pas lancé en politique, s'il n'avait pas fondé Forza Italia, aujourd'hui nous serions sous les ponts ou en taule avec une accusation de mafia...
Vive la sincérité ! Un peu comme son éminence noire, Marcello Dell'Utri, actuellement sénateur malgré une première condamnation pour mafia (l'appel est en cours), qui vient de déclarer (il y a un mois) :
Perso, j'en ai rien à foutre de la politique. Je me suis juste fait élire pour pas finir en taule...
Imaginez le souk si, avec des antécédents pareils, un sénateur français balançait un truc semblable. C'est pas du Georges Frêche, ça...

Enfin, inutile de pleurer sur le lait versé... En espérant que vous aurez la patience de lire (vous verrez, si vous souhaitez en savoir davantage sur l'Italie, le tableau est saisissant !), je laisse la parole à Marco Travaglio :
J’ai décidé d’écrire ce livre en lisant dans les journaux que les lois sur « le procès court » et l’ « empêchement légitime » seraient, dans l’ordre, les dix-neuvième et vingtième lois « ad personam » de la Deuxième République, où Silvio Berlusconi est naturellement la « personam » considérée.

Donc en attaquant le problème, ces derniers mois, j’ai vite découvert que la première de ces lois « ad personam » n’était jamais citée : il s’agit du « décret Biondi », promulgué en 1994. Voulez-vous parier – ai-je pensé – que les journaux en ont oublié quelques-unes au passage ?

C’est ainsi qu’en remontant dans le temps, j’ai découvert qu’au cours des seize dernières années, pas moins de 36 lois « ad personam » ont été approuvées en faveur de Berlusconi (entre celles qui ont été écrites spécialement pour lui et celles dont lui ou ses sociétés ont bénéficié). Plus 11 autres projets de loi qui ont avorté chemin faisant, soit parce qu’elles n’ont été approuvées que par l’une des deux branches du Parlement puis mises à l’écart pour diverses raisons, soit parce que les projets sont encore dans les tiroirs, prêts à être dégainés à la première occasion et menaçants comme une épée de Damoclès. Ajoutons-y 16 autres lois taillées sur mesure pour d’autres que Berlusconi lui-même : 5 d’entre elles ont bénéficié – dans certains cas de façon exclusive –, à Marcello Dell’Utri, 3 ont servi à tronquer la carrière de Gian Carlo Caselli pour l’empêcher de devenir Procureur National Antimafia (ces trois-là sont à la fois « contra personam » et « ad personam », puisqu’elles ont également servi à favoriser le candidat concurrent, Piero Grasso) ; 4 autres lois et mesures législatives diverses ont été adoptées pour sauver la mise au général Niccolò Pollari et aux espions co-accusés dans l’enlèvement d’Abou Omar et dans le fichage de masse réalisé par les services secrets militaires (SISMI), plus 2 supplémentaires pour empêcher le procès des responsables de la sécurité Telecom dans l’affaire des écoutes illégales, et enfin, une petite dernière – mais l’une des premières « ad personam » non destinée à Berlusconi – a été spécialement approuvée pour pouvoir ouvrir la révision du procès déjà clos d’Adriano Sofri, condamné pour le meurtre du Commissaire Calabresi.

N’oublions pas non plus les lois « ad mafiam » : 8 au total, soit une tous les deux ans si on ne considère que celles définitivement approuvées, sans compter les 5 autres qui ont été tentées jusqu’à présent, heureusement sans succès : toutes s’inspiraient du Papello de Toto Riina… Citons enfin les lois « ad personas » (une spécialité du centre-gauche), véritablement cousues main au profit de catégories entières de mandarins intouchables, soucieux de ne jamais payer les gages de leur illégalité : j’en ai dénombré pas moins de 18 approuvées, plus d’une par an, plus 7 autres restées au milieu du gué. Il est toutefois impossible de compter toutes les lois « ad castam » votées pour protéger les privilèges de la classe politique ; toutes les lois « ad aziendas » votées pour protéger le butin de chefs d’entreprises célèbres, toujours les mêmes, qui n’entreprennent plus depuis longtemps mais prennent uniquement ; et toutes les lois « contra justitiam », qui ont irrémédiablement cassé la justice et le droit en les réduisant à un état comateux pour la plus grande joie des justiciables-impunis excellents.

Car la maladie sénile et incurable générée par le conflit d’intérêt, c’est d’abord la privatisation de la Justice.

[Comme le dit si bien Michele Serra, cité en quatrième de couverture : il est dans la logique des choses qu’un milliardaire disposant de son avion privé, de ses médias privés, de son parti privé et de son cimetière privé prétende aussi une justice privée…]

Une privatisation qui est le fruit empoisonné du croisement des pires cultures impunitaires – totalement étrangères aux valeurs constitutionnelles et aux principes d’un État de droit libéral – qui dominent la politique et l’intelligentsia italo-italiennes : l’illégalitarisme berlusconien, le léghisme anarchisant, le catholicisme contre-réformateur et pleureur, le communisme togliattien décoloré à la teinture « réformiste » néo-craxienne, les groupuscules extrémisants, le tout mixé dans un éternel mélange de familiarisme amoral.

Résultat : un interminable pacte Molotov-Ribbentrop à la mode de chez nous, un long marché de putes, pardon, de dupes entre une prétendue gauche vidée de ses principes et une soi-disant droite pleine d’intérêts. Un coït monstrueux et sans fin entre un centre-droite illégalitaire et un centre-gauche renonciateur : entre un berlusconisme D.O.C. (l’original) et sa version light (l’opposition présumée). Car de fait, cette hyperproduction législative à la carte est totalement bipartite : l’essentiel de la législation plus honteuse est sans aucun doute imputable au centre-droite, mais ces messieurs-dames du centre-gauche n’ont pas non plus perdu leur temps, en votant les lois avec la droite lorsqu’ils étaient dans l’opposition, et en approuvant les autres avec les voix de droite lorsqu’ils étaient au gouvernement. Les petites mains du parlement et du gouvernement ne rechignent pas à la tâche, l’atelier maison est toujours ouvert, 24/7/365 (donc lorsque nous lisons, comme dans le Corriere della Sera, que le vice de la gauche italienne c’est son anti-berlusconisme féroce, permettez-nous de nous interroger !).

Ce livre explique donc le cheminement de plus de 100 lois – quels ont été les commanditaires, les mobiles, les exécutants matériels et le bilan des préjudices –, qui ont toutes un dénominateur commun : aucune n’a vu le jour dans l’intérêt des citoyens, mais uniquement dans l’intérêt d’un seul ou de quelqu’un contre tous les autres. Autant dire lorsque l’État se fait conflit d’intérêts, ou, pour le dire à la manière de Daniele Luttazzi, lorsque le conflit d’intérêts devient le « milieu ambiant ». Milieu qui devient alors la « Constitution matérielle » du pays, sans même qu’il soit besoin de modifier la Constitution en vigueur (façon de parler). C’est le berlusconisme qui s’infiltre comme une métastase dans les institutions républicaines, qui les corrompt en commençant par la tête. Le berlusconisme qui a modelé à son image et ressemblance une partie dominante du centre-gauche, incapable aujourd’hui d’échapper aux limitations mentales de la pensée unique, à l’ordre du jour unique et au langage unique du propriétaire de l’Italie. Une philosophie qui a immunisé un peu tout le monde, en nous rendant tous imperméables au mépris, au scandale et à la honte d’un usage privatisé de la sphère publique.

Par conséquent, aujourd’hui il est naturel de penser que si un comportement ne correspond pas à une loi, c’est la loi qui doit être changée et non pas le comportement.

Et si une loi ne correspond pas à la Constitution, c’est la Constitution qui est dans l’erreur, pas la loi.

Pendant ce temps, l’Italie s’apprête à célébrer le 150e anniversaire de l’État unitaire tout en oubliant qui en fut le pionnier, le comte Camillo Benso de Cavour : un homme d’État qui avouait dans une lettre à Urbano Rattazzi, l’embarras dans lequel il se trouvait pour avoir reçu comme présent une truite pêchée en eaux domaniales, soustraite par conséquent aux biens publics. Ou encore lorsque son ami, le banquier Rothschild, lui proposa une spéculation financière sur certains titres de la compagnie de chemins de fer : Cavour lui enjoignit brusquement de ne jamais plus lui proposer d’affaires semblables, caractérisées par un tel conflit d’intérêts. Oui, décidément, mieux vaut l’oublier cette espèce de comte fou.

« Faisons les réformes », dit un personnage d’Altan, caricaturiste de l’Espresso, dans sa vignette du 21 février 2010. Son interlocuteur lui répond, perplexe : « Encore ! Mais nous ne les avons pas déjà faites ? » Voici maintenant seize ans que nous entendons parler de « réformer la justice ». Or ceux qui en parlent ne précisent jamais de quelles réformes il s’agit, dans quel but. Pendant ce temps, dans un pays où plus personne ne tient le décompte des lois (d’aucuns avancent le chiffre de 100 000, d’autres 150 000, voire 300 000, contre les 10 000 de la France ou les 8 000 de l’Allemagne), une seule chose est certaine : aucun autre secteur de la vie civile n’a été « réformé » autant que la justice durant cette Deuxième République. Dans son essai intitulé Fine pena mai (Il Saggiatore, Milan 2007), Luigi Ferrarella calcule environ 150 lois ces dix dernières années en matière de justice. Donc en ajoutant trois ans de plus depuis la sortie du livre, nous devrions être proches de 200. Toutes ayant invariablement été qualifiées de « décisives » pour raccourcir les délais bibliques des procès, mais toutes ayant inévitablement obtenu l’effet contraire : celui d’allonger encore plus les délais bibliques de la Justice. Invraisemblable est la progression signalée par les Procureurs généraux de la Cour de Cassation lors de l’inauguration des années judiciaires à cheval entre la législature quinquennale pleine du gouvernement de l’Olivier (1996-2001) et celle de la Maison des libertés (2001-2006) : en 1999, le procès pénal durait 1457 jours en moyenne ; 1652 jours en 2000 et 1805 jours en 2003. Après quoi ils ont arrêté de les compter. Résultat : un double avantage pour les membres de la caste, ou, pour mieux dire, pour les mafieux de la caste, qui se sauve elle-même ainsi que les amis des amis (180 000 prescriptions par an, soit 465 par jour, y compris les jours fériés), tout en reversant la faute sur les juges « coupables » de cette Débâcle, qui est la seule véritable Grande Réforme de la Justice conçue et réalisée pendant ces seize années de cauchemar. De toute façon, ce sont les citoyens qui payent, puisque la taxe cachée générée par les longueurs de la justice pénale et civile vole à la collectivité 2,2 milliards d’euros par an, auxquels il y a lieu d’ajouter les coûts annuels de la corruption, que la Banque mondiale estime à 40 milliards €.

Que les législateurs le fassent exprès ou pas (la première option est la bonne) ne change rien. Dans les deux cas, une telle débâcle suffit pour les renvoyer en masse à leurs occupations. Puisque dans le premier cas ce sont des escrocs, et dans le second des incapables. Deux excellentes raisons pour s’en libérer et pour demander à leurs successeurs de s’abstenir pendant un certain temps de concevoir de nouvelles « réformes », et de se limiter à débloquer davantage de fonds pour améliorer quelque peu l’administration courante : probable qu’il n’en suffirait pas plus à la Justice, laissée enfin tranquille par ces soi-disant réformateurs d’on-ne-sait-quoi, pour reprendre seule vigueur et couleurs.

En 1994, Umberto Bossi déclarait : « Lorsque Berlusconi hurle, c’est bon signe : signe qu’il n’a pas encore mis les mains sur le coffre-fort. » Bossi avait tout compris. Aujourd’hui, en revanche, interdit de le laisser hurler : dès qu’il hausse le ton, un « garant » fictif comme le chef de l’État vient immédiatement à son secours, ou encore un opposant fictif (je n’ai pas suffisamment de place pour tous les énumérer) vient lui tapoter l’épaule en lui susurrant : laisse-nous faire, Silvio, maintenant c’est à notre tour. Et c’est ainsi que de chantage en chantage, de concession en concession, de compromis en compromis (mais toujours à la baisse), de magouille en magouille, meurent la Justice, le Droit et la Démocratie.

On parle toujours de donnant-donnant sans jamais voir la réciproque, mais plutôt un perpétuel « je donne et je prends », à sens unique. On dit toujours « c’est la dernière fois », mais en fait, c’est toujours l’avant-dernière. On évoque toujours « le moindre mal », mais comme l’observe Paolo Sylos Labini, rare exemplaire d’homme intransigeant dans ce pays de mollusques : « Le moindre mal n’existe pas, c’est simplement la porte ouverte vers un mal encore plus grand. » On change les mots pour changer l’histoire et la réalité. On parle de « réformes » pour ne pas dire « impunité ». On parle de « dialogue » pour ne pas dire « racket ». On parle de « pacification » pour ne pas dire « extorsion ».

Tacite me vient à l’esprit, s’exprimant à propos des horreurs de l’Empire romain : « Destructions, tueries, vols, voilà ce qu’ils appellent l’empire, dans la fausseté de leur langage. Et là où ils ont fait un désert, ils disent qu’ils ont fait la paix ! »

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samedi 13 mars 2010

Italie : l'état délinquant


Au moment où j'écris, les deux frères Berlusconi sont simultanément mis en examen, Silvio et Paolo, quand bien même pour deux chefs d'accusation qui n'ont rien à voir. Laissons tomber Paolo, qui nous en combine lui aussi de toutes les couleurs, mauvais sang ne saurait mentir, pour nous attarder sur Silvio, l'imprésentable délinquant travesti en chef de gouvernement.

À noter que Silvio Berlusconi est bien un délinquant, au sens juridique de la parole, au sens où il a commis des délits ... prescrits en vertu de lois qu'il s'est fait voter lui-même : Marco Travaglio vient de publier un livre intitulé Ad personam, qui dénombre 36 lois rédigées sur mesure pour le délinquant Silvio Berlusconi. Dernière en date, l'empêchement légitime, pour lui éviter de comparaître dans les procès qui s'accumulent... Mais d'autres sont déjà en préparation, y compris - tenez-vous bien - certaines modifications anticonstitutionnelles de ... la Constitution ! Une réforme, qu'ils appellent ça. Coup d'état serait plus juste.

Un must. D'ailleurs, la semaine même de sa publication, le livre était déjà dépassé puisque Berlusconi s'en est fait voter, en 1 jour, une 37ème dans la foulée, dont j'ai rendu compte dans mon billet sur les manifs en Italie...

Et donc, en tant que délinquant récidiviste, il est président du conseil. Normal dans un pays où même les porcs se demandent comment font les hommes pour vivre dans un tel cloaque.

Les politiques italiens répètent depuis plus de quinze ans que le problème de Berlusconi est l'immense conflit d'intérêts qui le caractérise. À ce sujet j'ai bien aimé la réponse qu'a faite Antonio Di Pietro hier soir à un manifestant qui l'interpellait devant la centrale nucléaire de Borgo Sabotino (j'y étais, elle se trouve à 25km de chez moi...) :
Le conflit d'intérêt, désormais, c'est une question qui concerne Berlusconi, point barre. Moi ce qui me préoccupe, c'est la réalité de l'Italie d'aujourd'hui, où les citoyens sont comme un troupeau de chèvres devant les meutes de loups...
Car l'Italie d'aujourd'hui, c'est ça : un usage privé de l'état pour privatiser la démocratie au profit des meutes de loups qui noyautent tous les pouvoirs ! De l'exécutif au législatif, du judiciaire au médiatique, en passant par l'économique et, last but not least, le criminel...

Donc que peuvent faire les citoyens honnêtes lorsqu'ils sont pris en otage par un état mafieux et une société corrompue jusqu'à la moëlle ? Un état qui n'hésite pas à promulguer des lois pour favoriser les mafias en tout genre ? Un état qui transforme lentement mais sûrement la démocratie en coquille vide, une forme apparente en réalité totalement vidée de sa substance ! Un état où l'information plurielle est abolie pour laisser la place à la propagande de régime martelante que Goebbels avait rêvé ! Un état où la politique n'est plus qu'une vieille traînée, salie et mourante...

Oui, que faire ? Je suis sans réponse ! Aujourd'hui à 14h il y a une manif au centre de Rome. Nationale, organisée par la gauche (qui n'est pas vraiment ma tasse de thé, je suis pour le dépassement total de l'artificielle dichotomie droite-gauche...). Ma troisième en une semaine !

Ce matin je me demande si je vais y aller. Si ça sert à quelque chose. Je me sens un peu découragé.


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mardi 9 mars 2010

Google, traducteur universel


Après avoir introduit le "speech-to-text" (reconnaissance vocale + transcription texte), Google a aussi ajouté la traduction automatique à la volée sur YouTube...

* * *

Ça commence à devenir problématique de trouver des titres que je n'ai pas déjà utilisés pour parler du binôme Google + traduction. Pour autant les progrès que fait la société dans ce secteur, aussi rapides que gigantesques, m'imposent de faire des mises à jour de temps en temps.

Cette fois l'occasion m'en est donnée par un article du New York Times intitulé Putting Google to the Test in Translation, qui compare la traduction humaine d'un extrait de texte avec celles des principaux traducteurs gratuits disponibles sur le Web : Google, Yahoo et Microsoft.

La comparaison du journal porte sur cinq langues source (français, espagnol, russe, allemand et arabe) vers une seule langue cible, l'anglais. Or je ne m'intéresserai ici qu'aux deux premières, tout simplement parce que le texte choisi pour l'extrait est littéraire : Le petit Prince de Saint-Exupéry pour le français, et Cent ans de solitude de García Márquez pour l'espagnol :


Donc, ce qui m'a énormément frappé dans ce texte, c'est que pour la première fois j'avais sous les yeux la preuve absolue de ce que j'énonçais il y a plus d'un an et demi dans Google et la traduction, à propos du concept de mémoire de traduction universelle :
Pour rappel, cette mémoire sert également à l'auto-apprentissage de Google, et par bitexte il faut comprendre que l'on a texte source (ou texte de départ) et texte cible (ou texte d'arrivée) en regard l'un de l'autre. Exemple.

(...)

Donc en nous livrant à un bref exercice de prospective, on peut très facilement imaginer que dans un avenir proche, non seulement Google pourra coupler par défaut l'opérateur à votre profil (en clair, sachant que vous êtes anglais, il vous proposera par défaut des termes traduits en anglais, sauf indications contraires de votre part), mais aussi, et surtout, qu'il pourra puiser pratiquement tous les termes du langage humain, dans toutes les langues, au fur et à mesure que sa notre mémoire de traduction universelle prendra forme.

Alimentée autant par les traducteurs humains qui utiliseront les outils de Google pour traduire, que par ses technos automatisées à grande échelle (à ne pas confondre avec le déploiement d'un système de traduction automatique en entreprise, par exemple), voire par la mise en parallèle des œuvres littéraires qui appartiennent au patrimoine de l'humanité et sont déjà traduites dans de nombreuses langues.

Pour les profanes, mettre en parallèle un texte c'est prendre Les Misérables de Hugo ou votre livre préféré, le segmenter et mettre en parallèle les segments du texte original avec les segments correspondants traduits dans la ou les langues de votre choix (à noter qu'un segment ne correspond pas forcément à une phrase, découpée en plusieurs segments si elle est trop longue, par exemple). Vous faites ça avec français-anglais, et vous avez la mémoire français-anglais des Misérables. Ensuite vous faites de même avec anglais-italien, espagnol-allemand, russe-chinois, etc., et vous obtenez autant de mémoires que de langues dans lesquelles l'ouvrage a été traduit.

La pierre de Rosette est un parfait exemple de textes mis en parallèle. Et pour me limiter à n'en mentionner qu'un seul autre, pensez aux milliers de traductions de la Bible qui existent déjà...

Donc ajoutez-y tous les grands classiques mondiaux déjà numérisés, construisez les mémoires de traduction correspondantes dans les couples de langues dont vous disposez, et vous comprendrez aisément qu'on n'est pas loin de pouvoir mettre en parallèle pratiquement l'ensemble du langage humain, à toutes les époques.

Depuis l'aube de l'humanité, nul n'a jamais été en mesure de faire ça. Jusqu'à Google...
Or les deux échantillons pris en exemple par le New York Times montrent que Google construit bien cette mémoire !

En effet, par rapport à la traduction humaine, celle de Google est identique à près de 65% pour Le petit Prince (38 mots sur 59 qui forment des séquences équivalentes) et carrément à 99% pour Cent ans de solitude !!!

D'où une distanciation abyssale, en termes qualitatifs, vis-à-vis des deux autres traducteurs, qui ne réussiront jamais à combler leur retard s'ils ne passent pas à des modèles de traduction automatique fondés sur le couple "linguistique de corpus" + "analyse statistique". Et bien au contraire, l'écart se creusera démesurément au profit de Google et aux dépens de ses concurrents.

C'est là tout l'enjeu des mémoires de traduction à très grande échelle implémentées par Google :
Comme l'explique fort bien Franz Josef Och, responsable recherche et traduction automatique, la clé des modèles de traduction selon Google, perpétuel apprenant, c'est de pouvoir disposer, d'une part, d'énormes quantités de données linguistiques (very large amounts of datas), et de l'autre, d'une phénoménale puissance de calcul qui traite à très grande vitesse des milliers de milliards de mots (aussi bien données textuelles que vocales...) dans pratiquement toutes les langues, puisque plus vous alimentez vos modèles statistiques en données, plus la qualité des modèles s'améliore !

Il précise d'ailleurs les deux principaux enjeux pour Google dans la traduction automatique :
  1. augmenter la qualité de sortie, grâce au binôme quantité de données / puissance de calcul, ce qui explique clairement pourquoi la qualité est meilleure pour les couples de langues plus représentées ;
  2. augmenter en conséquence le nombre de langues (et donc de couples de langues) et de fonctionnalités offertes (comme les recherches croisées : je saisis un terme en français pour une recherche sur le Web chinois, et en sortie j'obtiens une page avec les résultats chinois à gauche et en vis-à-vis leur traduction française à droite), etc.
Alors au bout du compte on finira par obtenir ce que j'expliquais dans Google et la traduction, à savoir la
mémoire de l'humanité...
[MàJ - 10 mars 2010] Grâce à ce tweet de Christophe Asselin, je découvre les chiffres suivants :
Pour modéliser un langage, Google a besoin d'environ un milliard de mots, employés dans des combinaisons différentes. Pour l'anglais, l'entreprise a injecté « plusieurs centaines de milliards » de termes, selon le New York Times.
Donc, là encore, les prodigieuses capacités de calcul de Google, couplées à une approche d' « intelligence hybride » associant l'homme et la machine, font la différence. Google l'explique ainsi :
If you have access to enormous datasets, it opens up whole new avenues for scientific discovery and for solving problems. For example, Google's machine translation tools take advantage of "parallel texts": documents that have been translated by humans from one language to another, with both forms available. By comparing the sentences from enormous numbers of parallel texts, machine translation tools can develop effective translation tools using simple probabilistic approaches. The results are better than any previous attempts at computerized translation, but only if there are billions of words available in parallel texts.
Mais ce n'est pas tout ! [Début]

* * *

Prenons l'exemple de mon dernier billet, dans lequel il y a une vidéo qui affiche un bandeau avec capture automatique du texte source, obtenue par reconnaissance vocale.

Et bien le texte correspondant ne réside que dans la mémoire de Google, il n'est pas disponible en ligne. Par conséquent pour le traduire en français, j'ai dû d'abord le retranscrire intégralement en italien afin d'avoir le texte, qui n'est maintenant disponible en ligne que sur mon blog italien et sur la plateforme de blogging.

Première constatation : la capture en italien est fiable à 100%.
Deuxième constatation : une fois que Google détecte la traduction du texte source, vous pouvez être sûr que le bitexte part dans la mémoire qui alimente son système de traduction automatique.

Voilà pourquoi j'annonçais cette nouveauté il y a déjà presque 4 ans :
... une fois que Google maîtrisera avec un degré de pertinence suffisant la traduction automatique du texte, et a fortiori de la voix, je vous laisse imaginer le reste... (et) je suis sûr de ne pas me tromper en affirmant que Google nous prépare quelque chose de révolutionnaire avec sa fonction de traduction automatique : texte-voix, Internet, vidéo, mobiles, Adsenses personnalisés, etc., qui pourra concurrencer Google ?
Car en fait, qu'il s'agisse des données images, vidéo ou voix, il suffit d'obtenir le texte source dans une première étape, soit par reconnaissance de caractères soit par reconnaissance vocale (pour la téléphonie mobile), et d'appliquer ensuite la traduction automatique au texte obtenu.

Si je garde mon exemple des vidéos sur Youtube, vous sélectionnez la langue d'arrivée de votre choix (mais comptez sur Google pour vous proposer par défaut votre langue maternelle) et vous obtenez dans le bandeau le texte traduit. Du sous-titrage automatique à la volée.

Et enfin, pour la téléphonie mobile, il suffira d'appliquer la synthèse vocale au texte traduit pour entendre dans son oreillette la version parlée. C'est ce que promet déjà Microsoft, et ce qu'a déjà annoncé Google...

Si vous voulez tester, la fonction est disponible sur Google Translate : cliquez sur l'icône du haut-parleur (que j'ai signalée par une flèche) pour entendre la version parlée du texte traduit !


[Début]


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P.S. Quand on dit que le hasard fait bien les choses, je viens juste de découvrir par un tweet que la version bêta de la traduction automatique est disponible sur Youtube !!!

Donc, vous paramétrez la langue :


Et voilà le travail...


Pour finir, je découvre que la fonctionnalité "traduction" sur Youtube est en ligne depuis deux ans !

Que dire ? Ça se voit que je ne m'occupe plus du Web tellement je suis accaparé par le berlusconisme... [Début]

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lundi 8 mars 2010

Manifs en Italie


Hier j'ai participé à une manifestation qui s'est déroulée au cœur de Rome, à Piazza Navona, pour celles et ceux qui connaissent. La place était divisée en deux, avec de part et d'autre de la fontaine des fleuves en restauration, marchands de tableaux et touristes d'un côté, manifestants de l'autre.

Organisée par les gens du "peuple violet" (ceux du No Berlusconi Day), nous n'étions pas seuls puisque d'autres manifestations avaient lieu en simultané dans plus d'une dizaine de villes importantes, du nord au sud (Milan, Bologne, etc.).

C'est la sixième manifestation en neuf jours qui se tient à Rome, sans compter une contestation permanente organisée devant le parlement italien depuis maintenant plusieurs jours. Il faut dire que les Berlusconneries vont bon train en ce moment, il nous en sort plus ou moins une par jour et la dernière en date fait des vagues. Tellement de vagues que ça risque de se transformer en tsunami vite fait.

De quoi s'agit-il ? En deux mots : les 28 et 29 mars doivent avoir lieu en Italie les élections régionales. Les partis ont donc présenté leurs listes respectives, et la soumission des listes est bien évidemment assujettie à des règles formelles, avec une date et heure limites. Or il s'est trouvé que les deux listes du PDL (parti de Berlusconi) de Rome et de Milan n'ont pas été admises pour non-respect de ces règles :
  • dans le cas de Milan, il y avait plus de 500 signatures qui étaient irtrégulières, et donc une fois déduites, le candidat Formigoni n'avait plus le nombre de signatures suffisantes ;
  • à Rome, le politique chargé du dossier l'a fait en retard parce qu'un petit creux à l'estomac lui a imposé d'aller manger un sandwich au lieu de présenter sa liste à l'heure...
Je vous dis pas le désastre : les deux principaux candidats de Berlusconi à Rome et à Milan hors concours, PAR LEUR FAUTE !!!

Je vous passe les détails (faudrait faire au moins dix billets...) pour arriver à la conclusion : que fait Berlusconi ? En 24 heures il nous pond d'urgence un décret-loi, signé dans la foulée par le Président de la République (là encore, il y aurait beaucoup à dire, voir le P.S., en italien...), pour réinterpréter la loi électorale en vigueur jusqu'alors et fournir aux juges chargés de se prononcer pour ou contre l'admissibilité des listes « l'interprétation authentique » de la loi électorale !!!

Ce bordel, mon neveu ! D'autant plus que non seulement le contenu du décret est vraiment risible (l'article 1, par exemple, énonce qu'il suffit que les délégués chargés de faire enregistrer les listes soient présents dans le tribunal et non plus au Greffe du tribunal... Conséquence, même en mangeant un sandwich à la cafétéria du tribunal, c'est comme si vous aviez fait enregistrer votre dossier à l'heure par le greffier !), mais de plus il viole la Constitution italienne en plusieurs points, notamment le dernier alinéa de l'article 72, mais surtout, surtout, l'article 3, l'un des 12 principes fondamentaux qui entérine l'égalité des citoyens devant la loi.

Pourquoi ? Parce que Berlusconi était tellement pressé de sauver la mise à son parti qu'il a fait un décret-loi "interprétatif" tellement spécifique que les autres listes d'autres partis qui n'ont pas été acceptées dans d'autres régions ne pourront pas participer !!!

Voilà pourquoi très nombreux sont les italiens qui considèrent ce coup de force comme un "coup d'état"...

J'arrête là même s'il y aurait encore beaucoup à dire, mais je pense que l'essentiel y est pour vous permettre de comprendre.

[MàJ - 23h35'] Et le plus incroyable dans cette histoire, c'est que ce décret n'aura servi à rien ! En effet, selon les intentions déclarées de Berlusconi et de son parti, il devait servir de référence aux décisions des deux Tribunaux Administratifs Régionaux, de Lombardie et du Latium, or le premier s'est prononcé positivement le lendemain de sa promulgation mais pour d'autres motifs ; quant au second, l'info est tombée dans la soirée, il s'est prononcé négativement en refusant l'admissibilité de la liste du PDL dans le Latium, et en déclarant que le décret ne pouvait pas être appliqué !

En outre les deux Conseils régionaux ont délibéré de recourir devant la Cour constitutionnelle pour se prononcer sur le conflit de compétence (il faut savoir que les lois électorales régionales dépendent ... des régions, et non pas de l'exécutif central, qui a émis le décret anticonstitutionnel) et suspendre le décret.

En résumé, un succès total pour Berlusconi. Je m'esclaffe, mouarf mouarf mouarf :-)

* * *

Donc, cette manifestation a été organisée en 24h (!), puisque la norme incriminée date du 5 mars, le 6 l'appel à manifester a été lancé sur le Net et le 7, hier, nous avons rempli une moitié de la place.

Une manifestation atypique tant par les modalités de son organisation (ce sont les participants qui contribuent aussi pour payer les frais) que par son contenu. Aux journalistes qui demandaient au début qui étaient les orateurs (en pensant bien sûr à des gens célèbres, ou pour le moins connus), les organisateurs répondaient qu'ils n'en savaient rien.

Puisque ce sont les gens, M. et Mme Tout-le-monde, des citoyens comme vous et moi, qui se sont inscrits pour parler dès lors qu'ils avaient quelque chose à dire. Et je peux vous dire qu'aucune intervention n'était hors sujet et que chaque message a porté. Mais comme je ne peux pas tout vous raconter, j'ai choisi de transcrire et traduire une intervention, qui m'a beaucoup frappé. C'est celle d'un magistrat de la cour de Cassation, il s'appelle Vincenzo Marinelli, voici la vidéo et la transcription-traduction à suivre :



« Je me suis demandé s'il était opportun que je vienne parler devant vous. En général les juges ne s'expriment pas en public, et d'ailleurs ils ne savent pas s'exprimer. Toutefois, aujourd'hui, la question n'est plus de savoir si c'est opportun ou pas, la question est : si je ne le fais pas maintenant, quand le ferai-je ?

Généralement, les juges parlent sur un ton mesuré, mais si je ne m'exprime pas franchement, aujourd'hui, quand le ferai-je ? Que devra-t-il encore se passer pour que les gens s'indignent et expriment directement cette indignation ?

Je me suis demandé si mon intervention à visage découvert n'allait pas être instrumentalisée, si on n'allait pas la prendre comme prétexte pour dire à la télévision : "Regardez, et voyez qui sont et que font ces gens-là !" Et bien, dites-le ! Dites-le.

Mais moi je dois me réapproprier de mes droits de citoyen, et je dois prendre la parole, haut, fort et clair !

L'heure n'est plus à la prudence. Ce n'est pas le moment de se demander : "on va se servir de mon intervention comme prétexte". Non. Le moment est venu de parler. Plus question d'être aphone. L'heure est venue de dire ce qu'est la démocratie, et ce qu'est la justice.

Mais laissez-moi tout d'abord vous dire deux mots sur mon rôle en tant que magistrat, sur pourquoi je suis magistrat. Je suis magistrat parce qu'un jour quelqu'un m'a expliqué (à l'époque il y avait de bons professeurs, maintenant les temps ont quelque peu changé, avec des enseignants qui sont humiliés au quotidien), mon professeur de lycée m'a expliqué : "Tu veux être libre, Marinelli ? Rappelle-toi qu'il y a encore des concours qui ne sont pas truqués. Rappelle-toi que tu peux passer le concours d'entrée dans la magistrature et être admis. Rappelle-toi qu'ainsi tu seras libre et tu te seras payé ta liberté." Et bien c'est ce que j'ai fait.

Alors quand vous entendez dire : "Les magistrats sont de gauche, les juges sont ceci, les juges sont cela", et bien moi je dis : "Non. Les juges sont recrutés sur concours. Le concours est un prix à la diligence. Tous peuvent être reçus, qui avec des idées, qui avec d'autres. Mais c'est une garantie pour le citoyen, parce que si tous les juges étaient l'expression des partis politiques, alors là, oui, vous auriez raison de vous méfier des juges".

Donc si aujourd'hui je peux parler ainsi, c'est parce qu'au plan institutionnel, je n'ai rien à craindre, et rien à espérer. Que peuvent-ils me faire ? M'acheter ? Je ne suis pas à vendre, et la plupart des juges ne sont pas à vendre.
[Applaudissements]

Et donc je parle. Et je veux vous parler de ce décret, pour vous dire que c'est la énième preuve d'une érosion progressive de la démocratie dans notre pays. D'habitude je n'emploie pas les mots forts, donc je me garderai bien de dire que nous en sommes au fascisme. Je sais que nous n'en sommes pas au fascisme. Mais nous assistons à une involution autoritaire. À un évidement de la démocratie de l'intérieur. À une distorsion de notre Constitution. Oui, nous en sommes là ! Et voilà pourquoi il faut parler. Voilà pourquoi l'heure n'est plus à la prudence ! À quoi sert-il d'être prudents face à ce qui se passe aujourd'hui ? À quoi sert-il d'être prudents si on ne dit pas haut et fort ce qu'est la démocratie, si l'on ne témoigne pas de ce qu'est la démocratie ?

[interruption sous les applaudissements de la foule, qui crie en chœur JUSTICE, JUSTICE, JUSTICE !]

On nous dit : "Ce décret est un moindre mal parce que c'est un décret d'interprétation". Non, ce n'est pas un moindre mal. C'est un mal majeur.

Laissez-moi tenter d'expliquer en deux mots ce que signifie "décret interprétatif".

Il est interprétatif au sens où il s'applique rétroactivement. Donc c'est comme si, dès le départ, la loi avait été écrite de manière à faciliter les embrouilles, de manière à faciliter la violation de formalités essentielles servant à garantir la collectivité. Dans ce sens, il est interprétatif.

Par contre si vous dites que le noir doit être interprété comme blanc, alors ce n'est plus un décret interprétatif mais un décret novateur. Il s'agit donc d'un décret qui cumule les maux des deux catégories d'actes : la norme interprétative d'une part, et la norme novatrice de l'autre.

Chers amis, la question posée est celle de notre liberté, de notre démocratie.

De plus, lorsqu'on parle de « formes », attention à ne pas opposer trop facilement la forme à la substance. La démocratie est faite de formes. Que dit le premier article de notre Constitution ?

Il ne dit pas que l'Italie est une république basée sur les soubrettes et sur l'abrutissement de la télévision qui devrait compenser l'éducation et la culture ! Non. Il dit que l'Italie est une République démocratique, fondée sur le travail, et que la souveraineté appartient au peuple, qui l'exerce dans les FORMES et dans les limites de la Constitution.

[un des organisateurs s'approche en lui disant d'abréger et de conclure, la foule crie LAISSE-LE PARLER, LAISSE-LE PARLER !]

La Constitution est un grand référentiel de formes, de formes essentielles, de formes qui servent à protéger la démocratie, de formes qui servent à protéger les plus faibles, parce que les forts n'ont pas besoin de certaines formes. Ce sont les faibles qui ont besoin des lois, de la protection des lois, et de la protection que leur donne la Constitution en premier lieu.

C'est pourquoi l'on dit : "La loi est la même pour tous", et non pas : "La loi est la même pour tous, mais pour les amis elle s'interprète".

Ce n'est pas ce qui est dit. Et si on en arrive à dire ça, c'est qu'on est sur une mauvaise pente. Une pente sur laquelle il devient difficile de discerner entre ce qu'est la démocratie et ce qu'est l'autoritarisme.

Or c'est exactement la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui, malheureusement.

Permettez-moi de terminer sur une déclaration en faveur du Parti de l'Amour. Je ne parle ni du Parti de l'Amour de Berlusconi, ni du Parti de l'Amour de Cicciolina, pour qui s'en souvient encore. Non. Laissez-moi vous dire que je suis Parti de l'Amour pour la Constitution.Pour cette Constitution que j'applique tous les jours. Pour cette Constitution que j'ai appris alors que j'étais adolescent. Pour cette Constitution sur laquelle j'ai prêté serment.

Voilà mon amour. Voilà mon Parti de l'Amour.

Et si on doit m'accuser d'être un taliban, et bien ... qu'on le fasse ! Tout amoureux peut aussi avoir son petit côté taliban !

J'aimerais conclure en disant tous ensemble : "Vive la démocratie, vive la liberté, vive la Constitution née de la Résistance !"
 »

* * *

Voilà. Rendez-vous samedi prochain pour une nouvelle manifestation nationale. Tôt ou tard il faudra bien qu'il se casse, ce bouffon. Qui ne fait plus rire personne depuis longtemps...


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P.S. Aujourd'hui même, l'intervention de Marco Travaglio (transcription en italien, désolé) analyse en détail la signature du décret par le Président de la République, Giorgio Napolitano.



Je vous traduis juste l'une des dernières phrases du discours : « Nous sommes désormais la proie d'un régime sur le déclin mais qui n'en est pas moins dangereux pour autant, je crois d'ailleurs que dans les mois à venir il nous en fera voir de toutes les couleurs, et ça sera pas du beau, mais du mauvais ! »

Même si Travaglio a souvent raison, là j'espère sincèrement qu'il se trompe. Sans trop y croire...

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mercredi 3 mars 2010

Internet des objets : les 6 catégories de McKinsey


Voici longtemps que je ne parle plus d'Internet des objets (personnellement je préfère l'appeler l'Internet des choses, mais l'usage a consacré l'autre expression), donc je profite de la lecture de ce billet de Kara Swisher pour vous présenter cette synthèse de l'Internet des objets, signée McKinsey, dans laquelle il identifie les 6 catégories suivantes :
  • Traçabilité des comportements : assurer le suivi du comportement des personnes, des choses ou des données dans le temps et dans l'espace, pour permettre des applications telles que la publicité déclenchée et ciblée en fonction de la présence ou améliorer la gestion de la chaîne logistique

  • Meilleure appréhension de la situation : appréhension en temps réel de l'environnement physique pour permettre des applications telles que l'optimisation des flottes logistiques, grâce à une meilleure compréhension du temps ou à une sécurité physique accrue en fusionnant les données provenant de nombreux capteurs

  • Prise de décision analytique pilotée par des capteurs : aide à la prise de décision humaine à travers l'analyse profonde et la visualisation de données, pour prendre de meilleures décisions, notamment dans les diagnostics médicaux, grâce à un suivi continu des patients, ou encore pour améliorer l'exploration de gisements de pétrole et de gaz

  • Optimisation des processus : contrôle automatisé de systèmes autonomes tels que des lignes de fabrication/production

  • Consommation optimisée des ressources : contrôle de la consommation de ressources rares telles que l'énergie ou l'eau, par exemple grâce à l'application de réseaux et de compteurs intelligents

  • Systèmes autonomes complexes : contrôle automatisé dans des environnements ouverts à fort degré d'incertitude, tels que les systèmes d'évitement des collisions dans l'automobile ou les robots autonomes utilisés pour nettoyer les sites de déchets dangereux


mckinsey_internet of things

À comparer avec ces autres catégories d'applications (liste non exhaustive), identifiées par Jean-Pierre Legrand, analyste stratégique chez BNP Paribas :
  • la traçabilité (ex : Vérifier dans une grande surface que la chaîne du froid n’a pas été rompue pour le poisson que l’on achète ou limiter les pertes de bagages dans un aéroport)

  • la logistique (ex : Identifier le contenu des colis sans les ouvrir lors de livraisons)

  • l’identification (ex : Le passeport, le tatouage des animaux ou les livres d’une bibliothèque)

  • l’authentification (ex : Certifier qu’un médicament ou un objet d’art ne sont pas des contrefaçons)

  • les clés électroniques (déjà en œuvre pour certaines voitures)

  • l’apport d’informations contextuelles (ex : Recevoir des informations sur un téléphone quand on s’approche d’une œuvre dans un musée ou d’une affiche dans la rue)

  • le paiement sans contact.
Vous pouvez l'écouter ici.

Et puisque ça bouge beaucoup dans ce domaine en ce moment, jusqu'en Chine, voyez cette initiative intéressante, intitulée :

Même si en la matière le nec plus ultra reste, à mon avis, cette présentation particulièrement brillante de Rafi Haladjian, créateur du célèbre lapin communiquant, Nabaztag :



Si vous préférez l'écrit, voici une présentation qui parle de ZigBee, mais je vous conseille vivement de cliquer sur "play" ci-dessus (Rafi commence à parler à 6'15'')...





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