samedi 29 novembre 2008

La question du sens

La question du sens

Réflexion initiée à la lecture de ce billet de Narvic, dans lequel il relève qu'on assiste à une productivité d' "information" à grande échelle, « sans que jamais la question du sens ne soit injectée à aucun moment dans les procédures de traitement. », et où le journaliste se trouve « surclass(é) sur bien des aspects décisifs : efficacité, production, coût, bref... productivité. » Et d'ajouter :
Reste le terrain du sens, si cette question a encore un sens...
Une problématique qui dépasse largement les seuls journalistes, selon moi, et que l'on peut tranquillement étendre à l'ensemble des internautes.

Et même hors Internet, puisque n'oublions pas qu'il y a encore, "out there", cinq fois plus de gens que la population des internautes, qui ne se sont jamais connectés au Web...

Or la question du sens est, à mon sens, si je puis dire, LA question à se poser, en tout cas celle que je me pose depuis le début : Quel est le sens de ma présence sur Internet ?

Le sens étant, toujours selon moi, la première des trois composantes de notre présence sur Internet.

C'est d'ailleurs pour cela que j'ai souhaité faire d'Adscriptor un lieu de sens, un lieu d'analyse et de contextualisation de l'info brute, où je préfère me taire quand je n'ai rien à dire et que je tourne en rond.

Inutile de participer à l'amoncellement de strates bloguesques où seule compte la superficie, qui ont pour unique intérêt de se substituer les unes aux autres à la vitesse de la lumière, frappé par crainte d'une désertion répressive des "abonnés" dès que vous arrêtez d'enfiler les actus kleenex comme des perles sur un collier.

Pour autant les agences de presse telles l'AFP et autres ne sont-elles pas des canons à dépêches dont se nourrissent bon nombre de journaux sans trop se demander ce qui se passe derrière...

Donc avec Internet, à part amplifier le phénomène vu la puissance inouïe de ce nouveau média, dans l'absolu quelle serait la différence avec avant ?

Om Malik voit se dessiner un avenir divisé en deux courants : d'un côté, un déferlement ininterrompu d'infos brutes provenant de sources diverses - Twitter, téléphonie mobile véhiculant messages, photos et vidéos, ou encore témoignages directs d'un événement obtenus via les réseaux sociaux -, et de l'autre les médias traditionnels, qui seraient chargés d'analyser et de contextualiser l'info en y apportant de l'intelligence ! Le tout en temps réel :
And that’s when I realized that the future of media is being split into two streams: one that consists of raw news that comes like a torrent from sources such as Twitter, mobile messages and photos, the other, from old media. The eyewitness dispatches (and photos) via social media are an adjunct to the more established media — which needs to focus on providing analysis, context, and crucially, intelligence — in real time.
Approche séduisante mais presque totalement contredite dans les faits, puisque de plus en plus les journalistes "traitent" l'info un peu n'importe comment (voir ici, , et là encore...), en caressant le public dans le sens du poil et des intérêts de leurs éditeurs. Je ne dis pas tous, mais beaucoup, inutile de le nier. L'indépendance des journalistes a fait long feu, même s'il existe encore quelques journalistes indépendants et fiers de l'être, heureusement !

Toutefois ils sont plutôt l'exception qui confirme la règle que le contraire. Cela dit, je ne partage pas vraiment l'analyse de Narvic lorsqu'il pense :
J’en suis au point d’estimer que sur internet se joue l’affrontement de deux approches, deux visions, deux théories de l’information, incompatibles et alternatives l’une de l’autre. Elles avaient évolué avant internet dans des sphères séparées, mais elles se rencontrent aujourd’hui sur ce terrain d’internet. Et l’une est en passe de supplanter l’autre.
Franchement, je ne vois pas pourquoi l'une devrait supplanter l'autre. Je ne crois pas au "celle-ci tuera celle-là". Je les imagine plutôt forcées de cohabiter et d'évoluer ensemble. Une vision personnelle que j'ai déjà tenté d'expliciter :
Dans cette ère nouvelle du one-to-one (ou many-to-many, ou many-to-one, ou one-to-many...), l'information ne se bâtit plus sur un modèle vertical, top-down qui plus est, mais horizontal, transverse, de liaisons (liens).

Par agrégation/associations d'idées, d'infos, de liens, de billets, de vidéos, de pages de résultats de moteurs, de micro-messages, de fils de discussion, de présentations, de documents partagés, etc. En clair : de tout ce qui peut faire sens. Indépendamment du support.

Et pour terminer sur un parallèle, de même qu'un organe de presse commet une erreur évidente et grossière en pensant que "son" site pourrait être assimilable à TOUT le Web, ainsi en va-t-il de l'article, que personne ne peut plus sérieusement considérer aujourd'hui comme un tout, qui ferait le tour de l'info.

L'heure est donc venue pour les journalistes d'écrire des articles - s'ils tiennent à conserver le terme -, qui feront sens plus par leurs connexions avec le reste de l'infosphère que par leur exhaustivité, une utopie à jamais révolue.

Dans l'infosphère, l'info n'a plus de centre.
Elle n'a plus de centre, mais elle a encore un sens : celui que chacun/e lui donne...


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jeudi 27 novembre 2008

Je tourne en rond

Je tourne en rond...

... comme un fauve en cage. Plus rien à me mettre sous la dent ! Pas le temps de m'adonner à de longues analyses, pas le temps de décortiquer l'actu du Web, pas vraiment transcendante en ce moment, il faut bien le dire, si ce n'est de temps en temps une info qui me réjouit, comme quoi toutes mes élucubrations sur l'affaire Martinez n'étaient pas que des brèves de comptoir, n'en déplaise à Eolas la menace, hélas !

Mais bon, ne croyons pas que la justice française soit guérie pour autant...

Niveau Web international, il nous faudrait une bonne breaking news du genre Apple rachète Yahoo!, ou Nokia à la limite, Icahn doit en rêver puisqu'il vient d'augmenter sa participation. À moins qu'il ne sache des choses qu'on ignore, c'est bien possible aussi...

Sinon demain je suis ici, et les 9 et 10 décembre au Web 08 !

Il reste encore près de 200 places si ça intéresse quelqu'un, en saisissant le code BLOGDISCOUNT vous pouvez en obtenir à 1435,20 € au lieu de 1794 €. J'ai déjà compté plus de 800 sociétés participantes, et pas des moindres... Donc à la revoyure à Paris ?



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dimanche 23 novembre 2008

Alltop spamme Twitter !

Alltop spamme Twitter !

C'est une première ! En tout cas pour moi. Le flux de Alltop.com vient spammer les updates de mon compte Twitter. Il suffit que j'envoie un message sur Twitter pour que dans l'heure qui vienne il passe au second rang, phagocyté par une mise à jour automatique d'Alltop. Et je précise que ça se passe bien sur le compte Twitter, directement, et non pas sur le widget, qui ne fait qu'afficher les updates.

À moins que ça ne vienne pas d'eux. Mais de qui alors ? Et comment est-ce possible ?

Soit Alltop m'a fait cliquer sur un lien pour me piéger, soit je n'ai rien cliqué du tout, mais le résultat est le même : ils me spamment !

Voici deux captures d'écran : regardez les heures, et vous verrez que dès que je poste un message ils arrivent derrière pour se mettre en première position. J'avais effacé tous les précédents, mais ça ne sert à rien, puisque si je ne résous pas le problème à la racine, ils vont me polluer à n'en plus finir.



Tiens, je m'en vais toucher deux mots à Guy...


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Dimension sociale de la traduction

Le travail de traducteur n’est pas uniquement individuel, mais aussi social, bien que nombreuses et nombreux soient les réfractaires à une mise en réseau des compétences, des expériences, des ressources…

Des ressources disséminées à travers le Web qui gagneraient certainement à être catégorisées et centralisées derrière un nombre restreint de points d’accès, c’est-à-dire à l’opposé de la situation actuelle, où l’éparpillement règne et rend leur détection difficile.

Car dans l’océan planétaire d’Internet, les mots – ou les termes, si vous préférez – sont les données non structurées par excellence, de par la multiplicité des domaines, des langues, des formats de documents, des publics destinataires et ainsi de suite.

Donc regrouper tout cela sous l’appellation générique de traduction, voire de localisation, ne rend pas justice à la diversité des situations, des contextes, des nécessités, etc.

Sans compter ce que nous appellerons le Web terminologique invisible, notamment les disques durs des traducteurs et des clients qui regorgent de trésors terminologiques enfouis, ne demandant qu’à être découverts.

Naturellement, la confidentialité vis-à-vis de ses données et de ses clients est une chose sérieuse, déontologie oblige, mais tout n’est pas confidentiel, tout n’est pas secret.

Et à force de ne jamais vouloir rien révéler de son travail, on en finit par cacher aussi ce qui pourrait être partagé ! C’est ainsi que le moteur Translation 2.0 est né d’une collection de favoris : près de 5 000 ressources riches en terminologie multilingue, accumulées depuis plus d’une décennie de recherches sur le Web.

Autant en faire profiter d’autres plutôt que de tout conserver stérilement sur mon PC !

Pour citer un autre exemple connu, il suffit de penser aux très riches glossaires multilingues de Microsoft, qui aurait fort bien pu les considérer comme un actif propriétaire et tout garder au seul bénéfice de ses employés. Au contraire, en les mettant gratuitement à la disposition de tous, ce sont plus de 12 000 termes anglais traduits dans près de 60 langues en libre accès !

Donc, pour en revenir à cette fameuse dimension sociale, elle est indispensable à tous les aspects professionnels du métier : chacun/e devant impérativement faire du networking pour se former, s’informer, se mettre à jour, s’entraider, demander conseil, travailler en mode croisé – traducteur + relecteur –, voire organiser des équipes sur les projets complexes, trouver les bonnes ressources, techniques ou terminologiques, échanger des dictionnaires, de la documentation de référence, ou, surtout, pour celles et ceux qui vivent à l’étranger, rester en contact avec leur langue et les implications socioculturelles qu’elle véhicule…

Ce sera en partie l'objet d'une présentation sur l'employabilité des traducteurs que je ferai la semaine prochaine à Hammamet, intitulée « LA TRADUCTION : DE LA FORMATION À L'EMPLOI - Comment utiliser Internet pour une transition réussie ? »

Concluons en disant que la traduction ne concerne pas que les traducteurs de métier, mais plus largement celles et ceux qui s’intéressent aux langues et à leur dimension sociale : comment apprendre à se comprendre au-delà des barrières linguistiques, pour mieux communiquer et partager.

Autrement dit, les internautes de tous pays et de toutes cultures !


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jeudi 20 novembre 2008

Large-Scale Translation Memories (Google)

"Large-Scale Translation Memories" by Google, ou les mémoires de traduction à (très) grande échelle...

Après une brève, une longue...

Ce que j'ai appelé "mémoire de traduction universelle", Google l'appelle probablement "very large-scale translation memory". J'ai découvert ça dans mes référents le mois dernier : en cherchant "large-scale translation memories" dans le moteur, un Googler est arrivé sur la version anglaise de mon billet intitulé Google and the Universal Translation Memory !

large-scale translation memories
Expression clé qui ne produit telle quelle aucun résultat aujourd'hui, et tout juste cinq dans sa version au singulier, dont trois uniques :
  1. a soon to be introduced "large-scale Translation Memory" server
  2. a "large scale translation memory" database
  3. implementation of Xerox's XTM "large scale translation memory" system
large-scale translation memory in SERPs
Voilà. Donc à présent rien n'existe qui serait proche de la notion de "mémoire de traduction universelle" telle que la conçoit Google avec son Centre de traduction, pour l'instant encore en version de bêta-test réservée à des testeurs invités.


D'ailleurs si quelqu'un sait comment avoir une invitation, pensez à moi, ce serait sympa !

Pour l'heure, ces Large-Scale Translation Memories, ces mémoires de traduction à grande échelle ne sont implémentées que par de très grosses organisations (Xerox, Union européenne, etc.) et par des LSP d'envergure mondiale. Je me limiterai à mentionner Logoport de Lionbridge, voir ici pour plus de détails.

Cependant, outre qu'elles se confinent au technique (si l'on peut dire), ces mémoires ont le - très - gros défaut d'être propriétaires. En ce sens que lors d'une traduction effectuée sur ces systèmes, la propriété de la mémoire est phagocytée par l'agence, les traducteurs n'ayant plus aucun contrôle sur ce qu'ils produisent...

Idem pour les solutions de traduction automatique déployée en entreprise, dont la mise à disposition de la mémoire, quand elle a lieu, se limite au courtage.

Et même si une initiative open source comme GlobalSight, lancée par Welocalize (qui fait partie de TAUS), devrait voir le jour en janvier 2009, avec Google on change d'échelle. Et de modèle économique (notamment sur les questions de propriété intellectuelle)...

Dans ce cadre, les seules notions de mémoire approchantes qui existent sont, à ma connaissance, les projets TAUS et VLTM, le premier se distinguant davantage par sa portée potentielle, vu le nombre (une quarantaine de membres fondateurs plus une soixantaine de candidats en attente, outre l'implication probable de la Commission européenne) et la qualité des acteurs impliqués, et le deuxième par sa philosophie "libre", plus "grand public" dirons-nous.

* * *

TAUS, Translation Automation User Society, a pour vision et pour mission, via la TAUS Data Association, des objectifs ambitieux, davantage détaillés dans son business plan :
  1. Legitimate and secure platform for storing, sharing and leveraging language data.
  2. Access to large volumes of trusted language data for increased translation automation.
  3. Industry collaboration to promote harmonization of multilingual terminology.
Pour vous donner une idée du sérieux de l'affaire, on compte parmi les membres du Comité de pilotage des représentants de Microsoft, Intel, Sun Microsystems, Welocalize, Adobe et le Bureau de la Traduction du Gouvernement canadien.

Les données linguistiques, ou pour mieux dire, les "actifs linguistiques" seront sélectionnés et centralisés par les membres de l'Association : « TDA will give free access to its databases for the look-up of translations of terms and phrases. Members will be able to select and pool data to increase translation efficiency and improve translation quality. »

Sur la liberté d'accès à tous, il semble plutôt que le portail permettra à l'internaute lambda d'obtenir quelques infos essentielles sur la base, juste histoire de lui donner envie de payer pour pouvoir utiliser les données. Il faudra donc voir la version "live" à l'usage pour juger sur pièce, mais en clair, cette apparente gratuité ne sera qu'un "produit d'appel" pour passer à la caisse...

C'est d'ailleurs pourquoi l'initiative de Google ne laisse pas TAUS indifférent :


Article à lire...

* * *

Par rapport à TAUS, à vocation plus "industrielle", le projet VLTM (Very Large Translation Memory) de Wordfast est davantage "artisanal", puisqu'il suppose l'utilisation du logiciel de TAO, excellent mais quasi exclusivement réservé aux traducteurs de métier.

Ce serait d'ailleurs bien qu'Yves Champollion, que j'ai le plaisir de connaître, communique davantage sur le projet, sur sa philosophie, et donne peut-être quelques stats sur son utilisation.

Pour autant, l'initiative est tout aussi sérieuse que la précédente, parole de Champollion, bon sang ne saurait mentir ! Puisque Jean-François, son aïeul illustre, réussit à déchiffrer les hiéroglyphes grâce à la pierre de Rosette, découverte pendant la campagne d'Égypte, une stèle qui est à proprement parler l'ancêtre des mémoires de traduction (même si maintenant c'est un peu plus compliqué...) !


En effet, cette pierre aligne en parallèle trois inscriptions d'un même texte, dont deux en langue égyptienne et la troisième en grec, langue connue, ce qui a permis le déchiffrement.

* * *

Donc je le répète, et j'insiste lourdement là-dessus, ce qu'il y a de nouveau avec Google dans ce domaine, c'est à la fois l'échelle, superlative, et la rupture totale des modèles économiques pré-existants.



Car comme l'explique fort bien Franz Josef Och, Responsable recherche et traduction automatique, la clé des modèles de traduction selon Google, perpétuel apprenant, c'est de pouvoir disposer, d'une part, d'énormes quantités de données linguistiques (very large amounts of datas), et de l'autre, d'une phénoménale puissance de calcul qui traite à très grande vitesse des milliers de milliards de mots (aussi bien données textuelles que vocales...) dans pratiquement toutes les langues, puisque plus vous alimentez vos modèles statistiques en données, plus la qualité des modèles s'améliore !

Il précise d'ailleurs les deux principaux enjeux pour Google dans la traduction automatique :
  1. augmenter la qualité de sortie, grâce au binôme quantité de données / puissance de calcul, ce qui explique clairement pourquoi la qualité est meilleure pour les couples de langues plus représentées ;
  2. augmenter en conséquence le nombre de langues (et donc de couples de langues) et de fonctionnalités offertes (comme les recherches croisées : je saisis un terme en français pour une recherche sur le Web chinois, et en sortie j'obtiens une page avec les résultats chinois à gauche et en vis-à-vis leur traduction française à droite), etc.
Alors au bout du compte on finira par obtenir ce que j'expliquais dans Google et la traduction, à savoir la mémoire de l'humanité :
...En nous livrant à un bref exercice de prospective, on peut très facilement imaginer que ... Google pourra ... puiser pratiquement tous les termes du langage humain, dans toutes les langues, au fur et à mesure que sa notre mémoire de traduction universelle prendra forme.

Alimentée autant par les traducteurs humains qui utiliseront les outils de Google pour traduire, que par ses technos automatisées à grande échelle (...), voire par la mise en parallèle des œuvres littéraires qui appartiennent au patrimoine de l'humanité et sont déjà traduites dans de nombreuses langues.

Pour les profanes, mettre en parallèle un texte c'est prendre Les Misérables de Hugo ou votre livre préféré, le segmenter et mettre en parallèle les segments du texte original avec les segments correspondants traduits dans la ou les langues de votre choix (à noter qu'un segment ne correspond pas forcément à une phrase, découpée en plusieurs segments si elle est trop longue, par exemple). Vous faites ça avec français-anglais, et vous avez la mémoire français-anglais des Misérables. Ensuite vous faites de même avec anglais-italien, espagnol-allemand, russe-chinois, etc., et vous obtenez autant de mémoires que de langues dans lesquelles l'ouvrage a été traduit.

La pierre de Rosette est un parfait exemple de textes mis en parallèle. Et pour me limiter à n'en mentionner qu'un seul autre, pensez aux milliers de traductions de la Bible qui existent déjà...

Donc ajoutez-y tous les grands classiques mondiaux déjà numérisés, construisez les mémoires de traduction correspondantes dans les couples de langues dont vous disposez, et vous comprendrez aisément qu'on n'est pas loin de pouvoir mettre en parallèle pratiquement l'ensemble du langage humain, à toutes les époques.

Depuis l'aube de l'humanité, nul n'a jamais été en mesure de faire ça. Jusqu'à Google...
Qui n'aura donc plus besoin de chercher "Large-Scale Translation Memories" dans ... Google, en laissant le pluriel aux autres, puisque la société de Mountain View disposera enfin de la très singulière "Very Large-Scale Translation Memory", j'ai nommé The Universal Translation Memory, ou par chez nous LA mémoire de traduction universelle...

Non, vous ne rêvez pas, c'est pour bientôt...


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Europeana est en ligne

Europeana est en ligne (brève)

Annoncée il y a trois mois, la bibliothèque numérique pour l'Europe est ouverte aujourd'hui (site peu accessible pour l'heure, probablement victime de son succès). Voir ici pour davantage de détails.

Ce portail électronique devrait donner l'accès, dans un premier temps, à environ 2 millions de documents, avant de dépasser 6 millions (ou 10 millions ?) en 2010, « lorsque la mise en réseau des collections numérisées de l'ensemble de l'Union deviendra pleinement opérationnelle ».


Google Books n'a qu'à bien se tenir ! Alors Olivier, es-tu toujours d'avis qu'Europeana est la mal-nommée ou que la France fait preuve d'impérialisme culturel ? Ce qui est quand même le comble ! (Merci Claude, d'avoir signalé le lien en commentaire).


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P.S. Vu les problèmes d'accès au site pour l'instant, il m'est impossible de voir de plus près les fonctions recherche et consultation (voire téléchargement) que le portail met à disposition, mais ce n'est que partie remise...

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vendredi 14 novembre 2008

Fin du Domain Tasting !


English version

En juin dernier, l'ICANN a décidé de mettre un frein au tasting (ou kiting, si vous préférez) en approuvant l'application de sa commission de 0,20 cent par nom enregistré, même s'il était supprimé durant l'AGP.

Ça n'a l'air de rien, 0,2 cent, mais sur plus d'1,25 milliard de domaines testés durant la période des « trois glorieuses » (juin 2005 - juin 2008), cela aurait représenté des recettes supplémentaires dépassant 250 millions de $ pour l'ICANN !

Bon, ça reste théorique, puisqu'en fait l'ICANN a introduit cette mesure en juin, et de juin à juillet 2008, le tasting a baissé de 84% sur le .COM, et de +85% sur le .NET !!! Il est même probable que ça s'est réduit à peau de chagrin depuis, nous le saurons lors des prochains rapports publiés par Verisign. En tout cas, celui de juillet est très clair, puisque l'on est passé d'un mois sur l'autre de 17 598 456 à 2 733 911 domaines testés. Sans compter que les registres ont jusqu'en mars 2009 pour mettre en place cette mesure. La phase des commentaires est d'ailleurs encore en cours, jusqu'à jeudi prochain (via Stephane Van Gelder).

Il aura donc fallu trois ans et demi pour résoudre ce problème, durant lesquels les "testeurs" s'en sont mis plein les poches ! (billet expliquant dans le détail le fonctionnement du tasting et donnant une idée des enjeux financiers énormes)...

Mais puisqu'un graphique vaut plus que mille mots :-)


On voit bien que ça part tout doucement fin 2004, époque à laquelle Bob Parsons avait dénoncé cette pratique, pour progresser discrètement en 2005 (141 598 850 domaines testés), prendre un régime de croisière en 2006 (399 632 387 domaines testés), connaître l'apothéose en 2007 (596 871 580 domaines testés), puis retomber enfin durant le premier semestre 2008 (115 560 938 domaines testés) jusqu'au brusque coup d'arrêt de juillet, suite à la décision "historique" de l'ICANN.

Ceci dit, de janvier 2005 à Juin 2008, 1 253 663 755 domaines ont été testés, avec les moyennes mensuelles suivantes :
  • 11 799 904 domaines/mois en 2005
  • 33 302 699 en 2006
  • 49 739 298 en 2007 !
  • 19 260 156/mois sur le premier semestre 2008

Voici les chiffres en détail, repris sur les rapports de Verisign pour les .COM et les .NET :


Le pic a été atteint en juillet 2007, avec 62 488 234 domaines testés dans le mois !

Il semblerait donc aujourd'hui que cette pratique soit sur le point de disparaître, encore un sujet qui finira dans les livres d'histoire d'Internet, où l'on désignera 2007 l'année du Domain Tasting : presque 600 millions de domaines testés sur 12 mois !



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R.I.P Domain Tasting!

R.I.P Domain Tasting!

French version

On January 29th, 2008, Jay Westerdal said Domain Tasting will die in 2008! Well said, Jay!

Now with domain tasting down 84% on dot-com since ICANN implemented its 20 cent fee, and a percentage drop over 85% on dot-net, this time Domain Tasting will definitely end, as we can see it on the diagram below:


And here are the detailed figures according to Verisign monthly reports:


Note the peak of more than 60 million tasted domains in July 2007, and globally more than 1,25 billion drops during 3 years and a half.

With the success of the new ICANN policy aiming to end domain tasting, each registrar will have a testing limit of drops in the AGP and won't be able to claim refunds on domains less than 5 days old if the claim is for 50 domains or more than 10% of the registrar's monthly registration volume, whichever is greater.

According to ICANN:
Beginning on [1 March 2009], Operators may no longer provide refunds to Registrars for AGP deletes that exceed the threshold limits set by the Policy unless an exemption has been granted by an Operator. The Operator will be responsible for payment of registry-level fees to ICANN for any transactions that do not result in a refund of the registration fee.




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mercredi 12 novembre 2008

Top 20 main translation workplaces

Top 20 of main Translators & Translation Workplaces & Marketplaces

Source : Google Trends - Daily Unique Visitors (average)
  1. Proz : 80,000
  2. ForeignWord.com (+ .BIZ) : 15,000
  3. Tanslators Café : 10,000
  4. Cucumis : 8,000
  5. Word2Word : 4,500
  6. Language123 : 4,000
  7. TRADUguide : 3,000
  8. Translatorsbase : 2,000
  9. GlobTra : 2,000
  10. Go Translators : 1,500

Top 10 of main Translators & Translation Workplaces & Marketplaces
From 11 to 20 (alphabetical order, no traffic data available) :
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Here is what these sites are saying of themselves:

1. Welcome to ProZ.com, the world's leading enabling and sourcing platform for language professionals. ProZ.com's unique online workplace provides tools and opportunities for its members to network, collaborate on projects and terms, expand their businesses, do better work and have more fun. Plus ProZ.com enables companies and organizations to rapidly search, find, qualify, evaluate and interact with the translators, interpreters and linguists they need.
See some stats.

2. While at Foreignword.com you find all your favorite online translation tools, the Eurêka database and the hundreds of language links, Foreignword.biz is dedicated to our software products as well as the Foreignword Translators Directory.

3. Welcome to TranslatorsCafé.com — Directory of translators, interpreters and translation agencies!
4206 translation agencies
81033 registered members

4. Cucumis is a community of translators who share their linguistic knowledge and help each other online.
Members : We have 149277 registered users

5. Word2Word Language Resources is dedicated to breaking down of language barriers and assisting the users who have the desire to learn a language, a need to communicate between languages, and for those who work with languages as a profession.

6. Language123 : The translation marketplace

7. TRADUguide - Your Guide to Translators and Translation Agencies

8. Translatorsbase is the leading provider of translation services via network of global high quality service providers. Translatorsbase.com is a source of translation jobs and provides tools and services to help you bring your translation business to the next level.

9. GlobTra is a free and open international community of professional translators, which lets you find jobs, promote your services and help each other. Make your business grow, while you have fun. This is your site!
Need a translator? Here's 12000! Are you a translator? Find work, friends and help.

10. Go Translators : the top tool for bringing specialist translators and their commercial or institutional clients closer together.
Freelance translators and specialist agencies publicise their skills to the millions of companies and private individuals who use the Internet.

11. Aquarius is the longest standing online marketplace for translation and localization projects. Since February 1995 we help translation vendors find clients and assist businesses in locating reliable localization specialists. This site is a public beta. Click here to access the old Aquarius website. Facts and figures:
28568 freelance members, 4904 corporate members, 40134 translators, 7866 interpreters, 7743 subtitlers, 2058 multilingual copywriters, 949 localization engineers, 1358 multilingual DTP specialists from 136 countries.
5331 projects were outsourced through Aquarius in 2007.

12. Welcome to GLTJobs.com, the specialist job board for all the best job opportunities in Globalization, Localization and Translation across the World.
The site connects industry professionals with globalisation, localisation and translation jobs in Europe, The Far East and America. Registration is simple and takes only a few moments.

13. LinguistFinder has thousands of professional translators, interpreters, and tutors worldwide, offering any language translation and localization services at cost price.
No Obligation Language Translation Quotations From 1000's of Professional Translators, Interpreters, & Tutors

14. Trally : Are you in need of professional translation services?
We are here to help you with more than 53,000 registered Freelance Translators and Translation Agencies !

15. TranslationStaffFinder is now probably the fastest growing global translation employment website dedicated to the Translation sector. Translation Staff Finder is a specialist translation job site for those looking for jobs and employment in the Translation industry and for companies looking to resource and hire personnel with multilingual, linguistic and associated skills.

16. Translationzone : The official home for SDL TRADOS - The leading freelance translation software
Providing support and resources to a global community of over 170,000 users!

17. Translator Planet is a portal for Online Translator and online auction for language translator projects. Demo.

18. Translator.search-in.net (translatordatabase.net) - Worldwide Translator/Interpreter Database

19. TranslatorPub / Stats
Total Jobs : 12 226
Open Jobs : 2 904
Total Notifications : 1 741 021
Job Views : 405 880
Welcome!

20. TransRef - Directory of translators
There are currently 8549 translators in the Directory.


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P.S. I took Translation Directory off the list because of this Google advisory:
Of the 19 pages we tested on the site over the past 90 days, 7 page(s) resulted in malicious software being downloaded and installed without user consent. The last time Google visited this site was on 2008-11-12, and the last time suspicious content was found on this site was on 2008-11-12.
Malicious software includes 12 exploit(s). Successful infection resulted in an average of 3 new processes on the target machine.



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vendredi 7 novembre 2008

Obama est un internaute natif !

Obama est un internaute natif !

On a bien vu durant les 21 mois de sa campagne que Barack Obama était un digital native, et ça se confirme ! Il vient tout juste d'être élu que deux nouveaux sites sont en ligne, qui expriment mieux que mille discours la rupture avec ce qui a précédé : Change has come  !


Dans la première conférence de presse qu'il a donnée ce soir (retranscription intégrale), un(e) journaliste lui a demandé quelles allaient être ses priorités. Il a surtout répondu sur le volet économique, mais déjà l'agenda est clairement énoncé en page d'accueil :


Les cinq priorités énoncées :
  1. Relancer l'économie
  2. Mettre un terme à la guerre en Iraq
  3. Étendre la couverture des soins de santé à tous les Américains
  4. Protéger les États-Unis
  5. Renouveler le leadership américain dans le monde

Les autres volets sont visibles en bas de page :


À noter qu'en cliquant sur chacun des liens, un carré en haut à droite propose aux gens de soumettre leurs idées :


En suivant le lien on arrive sur une page formulaire où l'on peut commenter et choisir le ou les sujets souhaités, y compris n'importe quel thème qui ne serait pas initialement listé :


Un blog avec les premiers billets est déjà en ligne (flux), et même s'il n'est pas possible de commenter, deux espaces sont à la disposition des gens pour qu'ils y expriment leur histoire et/ou leur vision !


Avec la possibilité sur chaque formulaire de commenter, de charger une photo et un fichier !

Puis en bas à droite, vous trouvez la "Transition Directory" :


un lien conduisant vers un site répertoire :


où sont expliquées aux gens la Constitution des États-Unis, la formation des équipes gouvernementales, les lois de transition, etc. Exemple :


Le site pointe également vers d'autres ressources, journaux, autres sites, etc.

Ça fait rêver ! D'autant plus si l'on compare à ce que d'autres gouvernements font sur Internet...

Liens connexes (via Thibaut Thomas) :

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P.S. C'est bien ce que je dis :
Chose étonnante, Obama a choisi d'en diffuser la vidéo directement sur un nouveau compte YouTube créé le 5 novembre. Un choix technique qui tranche avec les sites gouvernementaux du monde entier, y compris celui de la Maison-Blanche. La «PR-TV» du site web de l'Elysée propose ainsi des vidéos sous un format qui ne permet pas à aux internautes de les reprendre sur leurs blogs. Obama semble avoir tiré les leçons de la «viralité», ce mystère qui fait se multiplier les vidéos de ses interventions de blogs en blogs.

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Obama nomme un conseil des sages

Obama nomme un conseil des sages

L'une des premières actions de Barack Obama consiste à nommer un conseil des sages de 17 membres qui comprend Eric Schmidt et Warren Buffett, entre autres, pour réfléchir à la situation économique d'ici à sa prise de pouvoir le 20 janvier.

La réunion initiale a eu lieu aujourd'hui :


Ainsi, le « sage d’Omaha » (Oracle of Omaha), qui aurait également été pressenti par McCain pour devenir Secrétaire au Trésor, va devenir le « sage d’Obama » (Oracle of Obama) au sein du Transition Economic Advisory Board (TEAB), dont la composition est la suivante :

David Bonior
Warren Buffett
Roel Campos
William Daley
William Donaldson
Roger Ferguson
Jennifer Granholm
Anne Mulcahy
Richard Parsons
Penny Pritzker
Robert Reich
Robert Rubin
Eric Schmidt
Lawrence Summers
Laura Tyson
Antonio Villaraigosa
Paul Volcker

Ce comité aura la tâche de plancher sur la mise en œuvre d'un ensemble de politiques fortes pour affronter la crise économique (developing a strong set of policies to respond to the economic crisis).

J'avais déjà évoqué la possibilité qu'il s'entoure de Vinton Cerf pour son programme technologique, donc apparemment Obama est bien décidé à faire appel à des équipes d'exception pour l'aider à y voir plus clair. Voir aussi les membres possibles de son gouvernement.


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Liens connexes :
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jeudi 6 novembre 2008

Lestelechargements.com : suggestion à la Cour des Comptes pour son prochain rapport


Lestelechargements.com, ça vous dit quelque chose ? Rappelez-vous, que de bons souvenirs ! La loi DAVDSI, puis début février 2006, histoire de faire passer la pilule, l'annonce en fanfare : Lestelechargements.com bientôt en ligne...


Regardez dans vos favoris, effectivement, deux ans plus tard, le site est toujours en ligne :


En parking chez SEDO, pour celles et ceux qui ne sauraient interpréter la capture. Encore un qui fait partie des 17 millions et auquel on peut aussi accéder directement depuis cette page du Ministère de la Culture !!!

Que l'Etat redirige vers un parking, voilà qui est comique (quoique...), puisqu'il ne semble pas que le site ait changé de propriétaire depuis le début :


Maintenu chez Domaine.fr, le nom du déposant est confidentiel, mais la date initiale d'enregistrement du 18 janvier 2006 correspond bien à l'époque d'ouverture du site. Probable qu'ils veulent tenter de monétiser (prix fixé à 3 200 euros selon certaines sources)...

Donc, s'ils veulent rentrer dans leurs dépenses, ça risque d'être coton, vu le lancement à - TRÈS - grands frais par le gouvernement de l'époque (premier ministre, Dominique de Villepin) :



Vidéo récupérée chez Versac (quelques photos ici, un slideshow ), que je vous repropose aujourd'hui avec l'autorisation de Nicolas Vanbremeersch, où l'on entend en arrière-plan le discours des ministres, Thierry Breton et Renaud Donnedieu de Vabres (puisque les coûts étaient supportés « à parts égales entre le ministère de la culture et le ministère des finances »). Citation (à lire et à relire) :
J’ai souhaité ouvrir un véritable débat de société sur la propriété littéraire et artistique, l’économie de la culture, la culture elle-même.
J’ai voulu, avec le lancement de ce site, permettre le dialogue le plus concret le débat le plus large, en offrant à chacun un espace de discussion.
Ce site doit être un outil d’intérêt général, un outil de démocratie participative.
Très concrètement, comme vous allez pouvoir le découvrir dans la présentation qui va suivre, des témoignages, que je souhaite les plus nombreux possibles, d’artistes et de professionnels seront quotidiennement mis en ligne.
Tous les métiers de la création pourront s’exprimer, ceux qui sont en coulisse, ceux que l’on ne voit pas, réalisateurs, ingénieurs du son, éclairagistes, techniciens…
Chacun pourra réagir librement, la discussion aura lieu sur les forums, de nombreux « chats » seront organisés, et j’espère pouvoir y participer.
Ce site n’est pas un espace de propagande. Il est libre et n’est au service d’aucun intérêt particulier ou corporatiste.
C’est le premier site réellement pluraliste sur le sujet du téléchargement. Il n’a pas d’autre but que d’amener artistes, créateurs et internautes à s’entendre sur les modalités du téléchargement de musique et de cinéma.
Les points de vue les plus opposés pourront s’affronter, comme par exemple sur la question de la licence globale comme vous allez le constater lors d’une courte démonstration.
La transparence sera le maître mot de ce site.
Enfin, parce que la création naît de l’échange, le site proposera aux artistes qui le souhaitent de profiter de la fréquentation et de la médiatisation du site pour faire découvrir leurs créations. Un espace gratuit de téléchargement sera mise à disposition car Internet est un tremplin, un révélateur de talents, c’est une étape dans le parcours des œuvres et des artistes.
Ce site ambitieux met en valeur l’importance du débat dans notre démocratie, dans notre République, qui doivent demeurer fidèles à leurs messages et à leurs principes, dans l’ère numérique dans lequel nous nous trouvons désormais.
« J'ai souhaité..., j'ai voulu... », ce qu'on appelle l'action gouvernementale... Efficace et respectueuse de l'argent du contribuable. ;-)

Fort justement, Nicolas Sarkozy Vanbremeersch se déclare « atterré par cette affaire » : il y a de quoi ! Car si vous ajoutez aux centaines de milliers d'euros dépensés pour tout ce battage, plus tout le reste que nous ignorons, la modique somme de 180 000 € (cent quatre-vingt mille euros) généreusement versée à Publicis (qui a d'ailleurs fort bien défendu sa cause...) pour développer un blog sous Dotclear, autrement dit une solution libre et gratuite accessible à tous, ça nous donne rien de moins que le blog le plus cher du monde, surtout rapporté à sa durée de vie sur la toile...

Eolas relevait en son temps que Publicis n'avait pas sécurisé les noms de domaine des sites parasites lestelechargements.info, lestelechargements.fr et lestelechargements.org, ce qui frisait l'incompétence, selon lui, mais aujourd'hui moi je dis merci à lestelechargements.fr, encore en ligne pour témoigner de manière tangible de cette gabegie étatique.

Au bout du compte (c'est le cas de dire) le plus parasite n'est pas celui que l'on croit... Écoutons, lors d'un débat à l'Assemblée Nationale, le député Christian Paul :
M. Christian Paul. Je terminerai par un autre exemple, monsieur le ministre, qui vous concerne directement et montre que vous n’avez pas écouté le pays, la jeunesse de France et les internautes. Vous avez mis en ligne il y a dix jours, à grands frais pour la République, un blog baptisé « Lestelechargements.com » censé nourrir le débat. J’espère que la Cour des comptes se penchera bientôt sur cet exemple de communication interactive : près de 200 000 euros, mes chers collègues, ont été nécessaires pour ce blog pourtant créé à partir d’un logiciel libre, et donc gratuit – M. Carayon sera sensible, je pense, à cet exemple. J’ai eu l’occasion pour ma part de mettre en ligne un blog avec le même logiciel libre. L’ensemble de l’affaire m’a coûté 50 euros. Il faudra que le ministre s’explique sur les 200 000 euros qu’il a dépensés.

M. Jean-Marie Le Guen. C’est un artiste !

M. Christian Paul. Voilà un bel exemple d’utilisation des fonds publics au service de la démocratie ! On pourrait s’en tenir à la simple condamnation d’un tel gaspillage au moment où le budget du spectacle vivant baisse de 8,5 %...

M. le ministre de la culture et de la communication. Ce n’est pas vrai !

M. Christian Paul. …mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Ce bel exercice de communication avec les Français a tourné au fiasco démocratique, comme tourne au fiasco parlementaire le débat que nous avons en ce moment. Au bout de vingt-quatre heures, il y avait 40 000 connexions sur ce blog, ce qui prouve qu’il a créé le débat, mais 95 % des messages envoyés condamnaient les positions du Gouvernement et le projet de loi.

M. Dominique Richard. C’est du micro-trottoir !

Mme Christine Boutin. Mais non ! Vous n’y connaissez rien !

M. Christian Paul. Que s’est-il donc passé ? On a tout simplement changé la règle du jeu et verrouillé le blog ; le dialogue prévu avec les artistes n’a pas eu lieu. Vous ne pouvez donc pas dire, monsieur le ministre, que vous êtes parvenu à un point d’équilibre.

Quant à comparer les Français, jeunes et moins jeunes, qui pratiquent le téléchargement à des bataillons de sauterelles pillant le patrimoine culturel de notre pays – c’est la parabole douteuse que vous avez mise en ligne –, vous comprendrez que nous ne puissions pas y voir une grande leçon d’écoute et de dialogue démocratique.

Pour toutes ces raisons et parce que le débat est mal engagé, nous avons besoin d’avoir l’assurance que les positions durables qui seront adoptées sur le logiciel libre, l’interopérabilité ou la DRM ne seront pas seulement le fruit des votes disciplinaires de la majorité mais qu’elles se fonderont sur l’existence d’une procédure véritablement contradictoire au Parlement. Nous avons besoin pour cela d’un engagement écrit du Gouvernement – c’est la responsabilité du Premier ministre – qui nous assure d’une seconde lecture à l’Assemblée nationale.
L'argumentation du ministre de la culture et de la communication est particulièrement pertinente : ce n’est pas vrai !

Mais si, c'est vrai, Monsieur le ministre. La preuve ? Cliquez sur le lien. Enfin, espérons que vos successeurs vont monétiser un max chez Sedo. Ça sera toujours ça de gagné sur l'argent des contribuables... Rémy, qu'est-ce que t'en dis ?

Et pour terminer en revenant au titre de mon billet, permettez-moi d'emprunter à M. Christian Paul : « J’espère que la Cour des comptes se penchera bientôt sur cet exemple de communication interactive... »

Nous l'espérons également. Si quelqu'un a des infos là-dessus, merci de bien vouloir nous en faire part en commentaire.



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P.S. Ceci dit, l'État doit trouver ce genre d'expérience concluante puisqu'il récidive avec jaimelesartistes.fr, nouvelle plateforme explicative et pédagogique. Un nouveau site très probablement censé
« ouvrir un véritable débat de société sur la propriété littéraire et artistique, l’économie de la culture, la culture elle-même », « permettre le dialogue le plus concret le débat le plus large, en offrant à chacun un espace de discussion », un « outil d’intérêt général, un outil de démocratie participative », un site où « tous les métiers de la création pourront s’exprimer, ceux qui sont en coulisse, ceux que l’on ne voit pas, réalisateurs, ingénieurs du son, éclairagistes, techniciens… », où « chacun pourra réagir librement », où « la discussion aura lieu sur les forums », où « de nombreux « chats » seront organisés », un site « libre », qui ne sera pas « un espace de propagande » ni « au service d’aucun intérêt particulier ou corporatiste », un « site réellement pluraliste », qui n'aura « pas d’autre but que d’amener artistes, créateurs et internautes à s’entendre sur les modalités du téléchargement de musique et de cinéma », où « les points de vue les plus opposés pourront s’affronter, comme par exemple sur la question de la licence globale », où la « transparence sera le maître mot », un site « ambitieux » qui « met en valeur l’importance du débat dans notre démocratie, dans notre République, qui doivent demeurer fidèles à leurs messages et à leurs principes, dans l’ère numérique dans lequel nous nous trouvons désormais. »
Dans laquelle, Monsieur ou Madame le ministre, dans laquelle...

Bon, et bien nous voilà rassérénés, encore de l'argent bien placé (combien ?...), le contribuable n'en doute pas une seconde.

Le contribuable remercie d'ailleurs chaleureusement les politiques d'être résolument orientés Web 2.0. Et top du top, ils ont même leur compte chez Sedo. Donc à quand jaimelesartistes.fr en parking, les paris sont ouverts... Mouarf, mouarf.

Et surtout le contribuable est très reconnaissant que vous continuiez avec autant d'assiduité et de clairvoyance à le prendre pour un con...

tribuable, justement !

Ce n'est plus lestelechargements.com mais lestelechargements.con ! D'ailleurs je ne sais pas quel est le brillant esprit qui crée des noms si joliment inspirés (Jaimelesartistes.fr est pas mal non plus dans son genre), mais je pourrais peut-être vous proposer l'alternative Quensis...

Qui a également le mérite d'avoir ses bureaux juste en face de la Cour des Comptes : ça pourra peut-être servir un jour...

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